Combien d’écoles en RDC disposent d’une bibliothèque ? La question semble banale, mais elle révèle le gouffre qui s’est creusé entre nos apprenants et la lecture, voire la littérature. Même dans nos universités, rares sont celles qui ont des bibliothèques dignes de ce nom. Celles qui en disposent sont souvent encombrées de livres démodés ou de vieux mémoires d’étudiants.
Dans ces conditions, comment redonner aux Congolais le goût de la lecture ? Comment raviver cette flamme dans un pays où le livre a été jeté aux oubliettes ?
Une société en déclin face à la lecture
Alors que je faisais la promotion de mon dernier ouvrage, un citoyen m’a lancé une phrase tristement connue : « Les Congolais ne lisent pas, tu perds ton temps ! » Bien sûr que cette phrase fait mal. Savoir que nous sommes dans une société qui méprise le livre et la lecture. Nous rendons-nous compte que cet abandon du livre est l’un des symptômes de notre déclin culturel et intellectuel ?
Chaque année, Barack Obama partage une liste de ses coups de cœur littéraires, montrant ainsi l’importance de la lecture dans sa vie publique et privée. En France, nombreux sont les hommes politiques qui écrivent des ouvrages, exposant leurs idées, leurs visions du pays. Qu’ils soient anciens ministres, maires ou députés, écrire un livre est pour eux un exercice noble, un pont entre l’homme public et ses lecteurs.
Par contre, oser faire une comparaison avec notre pays, relève de l’utopie. Chez nous, même les professeurs d’université se font rares en librairie, et notre rapport avec le livre est tragiquement lamentable.
Les conséquences d’un rapport brisé avec le livre
Les effets négatifs de cette rupture avec la lecture sont visibles partout. Maîtrise approximative du français, pauvreté des idées, incapacité à argumenter avec précision, fautes d’orthographe omniprésentes, y compris dans les documents officiels. C’est la déchéance. Est-ce parce que le Congolais est trop préoccupé par sa survie quotidienne qu’il considère désormais la lecture d’un livre comme une activité futile et une perte de temps ?
Le déclin de notre pays a des conséquences bien plus profondes qu’on ne le pense. Nous assistons à une lente, mais certaine, décomposition culturelle. Redonner vie au livre en RDC est devenu un acte de résistance face à cette descente aux enfers. Il est urgent de restaurer notre lien avec la lecture, pour réapprendre à penser, à rêver, et surtout, à construire l’avenir.