A Goma, les entreprises exploitent les jeunes diplômés

Profitant de l’inexpérience des jeunes chômeurs congolais, certains entrepreneurs les exploitent pour atteindre leurs objectifs à travers des stages continuels. Objectif : minimiser les dépenses.

Très souvent les jeunes diplômés sont inexpérimentés mais très motivés à travailler. Alors, pour prouver sa valeur il faut produire plus afin d’être engagé. La plupart donnent le meilleur d’eux-mêmes. Animés par le souci de minimiser les dépenses et faire plus de profits, beaucoup d’entreprises profitent de la situation catastrophique du marché du travail congolais pour employer des jeunes avec des contrats précaires.

J’ai chômé pendant une année après avoir obtenu en 2013 ma licence en sciences de l’information et de la communication. J’ai été rapidement embauchée dans une chaîne de radio locale à Goma en 2014 après avoir quitté Beni. Submergée par la joie d’appartenir  à un organe de presse de renom en province, je me suis fait avoir et exploiter par un média !

L’exploitation de l’homme par l’homme 

Lors de mon embauche, en tant que journaliste reporter, je ne me souciais pas des détails( salaire, contrat de travail, sécurité sociale et autres). Je cherchais d’abord une expérience professionnelle dans mon domaine, afin d’enrichir mon CV. Et mon employeur en a tiré profit !

Quelques mois après avoir obtenu ce travail, je me suis rendue compte qu’il ne s’agissait pas d’une grâce mais d’une exploitation. J’ai travaillé pendant plus de sept mois sans aucune convention avec l’employeur.

Petit à petit, j’ai perdu l’altruisme qui m’animait au travail. Au début, mon but était de me faire un nom. J’étais très mal payée. L’employeur me payait selon son humeur, comme il le voulait.

Cette situation est vécue par beaucoup de jeunes salariés dans des entreprises privées. Beaucoup parmi mes anciens collègues journalistes ont connu ces mêmes difficultés.  Après avoir fait le tour de toutes les chaînes de radio et des télévisions locales en quête de meilleurs traitements professionnels, le résultat est décevant et le problème semble omniprésent. Plusieurs jeunes Congolais, dénoncent cette situation dans tous les secteurs de la vie économique et sociale en RDC. Pas de contrat de travail, pas de rémunération fixe, pas d’avantages sociaux liés à l’emploi. Nombreux sont ceux qui se contentent d’avoir simplement une « occupation ».

« Mieux vaut souffrir en ayant le statut d’un travailleur, que de rester à la maison sans occupation. Ici on peut trouver un peu d’argent pour s’acheter les crédits téléphoniques ! » me disait un collègue de service.

Une véritable exploitation moderne ! Mais personne n’en parle au risque de tout perdre. Je lance un cri de détresse afin que nous puissions jouir de la législation sociale congolaise et que les lois qui régissent le travail soient appliquées.