article comment count is: 1

Brassage ou mixage : quelle est la meilleure approche pour les FARDC ?

À l’issue des conflits, la reconstruction de l’armée a toujours été l’un des principaux défis des processus de paix. En RDC, deux stratégies ont souvent été employées pour intégrer les anciens membres de groupes armés : le brassage et le mixage. Pourtant, ces deux approches se sont révélées incapables de maintenir la cohésion et la loyauté au sein des forces armées.

Après la fin de la deuxième guerre du Congo (1998–2003), le gouvernement a lancé en 2004, un processus de brassage avec l’appui de la Monuc (aujourd’hui Monusco). Mais les difficultés logistiques, le manque de suivi et la méfiance entre belligérants du gouvernement 1+4, issu des accords de paix de Sun City, ont mis à mal son efficacité. Des factions restées fidèles aux belligérants se sont affrontées en pleine capitale, Kinshasa.

Le brassage est un processus par lequel, les ex-combattants sont séparés de leurs unités d’origine, puis formés dans des centres pour constituer de nouvelles unités mixtes, comprenant des militaires de l’armée régulière. Il s’agit d’un mécanisme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) visant à forger une armée républicaine et professionnelle. Le brassage repose aussi sur l’éloignement géographique : les éléments sont déployés loin de leurs zones d’origine pour limiter les influences ethniques, communautaires ou politiques. C’est ainsi que quelques éléments du M23, avaient été déployés au Kasaï au camp Bobozo de Kananga, ou à Kitona dans le Kongo Central.

À l’inverse, le mixage permet à des groupes armés d’être intégrés en bloc, avec leurs structures hiérarchiques et leur commandement interne. Si cette méthode offre une solution rapide pour désamorcer un conflit, elle maintient les allégeances aux belligérants et nourrit des réseaux de pouvoir parallèles dans l’armée nationale. L’accord avec le CNDP de Laurent Nkunda en 2009 en est un exemple. Officiellement, un brassage était prévu, mais en pratique, il s’est agi d’un mixage, tolérant la présence de commandants CNDP dans des unités entières restées dans le Kivu. Cette faille a été exploitée par ces anciens rebelles pour fomenter la mutinerie du M23 en 2012, puis sa résurgence en 2022.

Les Wazalendo : une autre équation

Les différentes expériences vécues, et la résurgence actuelle du M23, ont poussé l’Assemblée nationale, à voter l’interdiction de tout mixage ou brassage des groupes rebelles au sein des FARDC. Aujourd’hui, les Wazalendo, milices locales d’autodéfense, dont nombreux ont été responsables d’exactions et de pillage des ressources minières, sont des éléments qui risquent de poser des problèmes aux autorités après le conflit. Accepteront-ils d’être brassés, loin du Kivu et avec une nouvelle structure de commandement ? Certains craignent qu’à l’issue du conflit actuel avec le Rwanda, ces combattants ne deviennent une nouvelle épine dans la gestion des violences qui secouent l’est du pays.

Il est clair que le mixage affaiblit l’autorité de l’État et alimente la permanence des foyers insurrectionnels. Par contre, le brassage, s’il est bien organisé, permet une refondation de l’armée sur des bases institutionnelles et républicaines. Pour sortir durablement du cycle des conflits, la RDC devra privilégier la rigueur du brassage, contrairement à la facilité trompeuse du mixage.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (1)