Depuis la rentrée scolaire en RDC le 4 septembre, aucune école conventionnée catholique n’avait ouvert ses portes à Mbujimayi. La cause : la grève décrétée par le Syndicat national des enseignants des écoles catholiques (Synecath) pour revendiquer l’amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de vie.
A Mbujimayi, la grève à été très suivie par les enseignants du réseau catholique. L’un des éléments déclencheurs de cette grève est l’arrêté provincial fixant les frais scolaires pour l’année scolaire 2017-2018. Dans cet arrêté, la motivation des enseignants a été supprimée. Une situation qualifiée d’inacceptable par les enseignants membres du Synecath. Conséquences : les écoles catholiques sont restées closes.
Face à ce blocage, le gouvernement provincial a invité les grévistes à la table des négociations pour désamorcer la crise. Des négociations pour rien car le vice-gouverneur, Jean-Pierre Mutanda n’a pas accepté de revoir l’arrêté qui pose problème. Pour lui, il ne fait que reprendre les instructions contenues dans une circulaire du ministre national de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP). Jean-Pierre Mutanda a à la place proposé aux enseignants de négocier leur prise en charge financière par les parents d’élèves. Incroyable !
Les parents d’élèves contraints de payer les enseignants
Déjà assommés par la conjoncture économique difficile, les parents se voient de nouveau sollicités à porter la charge des enseignants en plus de ce qu’ils doivent payer pour la scolarisation de leurs enfants.
Pendant qu’on débrayait à Mbujimayi, tout allait plutôt bien dans plusieurs écoles catholiques de Kinshasa et d’autres provinces. Ce qui a fait défaut à Mbujimayi, c’est la souplesse d’adapter la mesure gouvernementale aux réalités locales. D’autres provinces l’ont fait et ont favorisé un climat apaisé en ce début d’année scolaire. Gérer c’est prévoir, dit-on.
La grève est un droit
Après deux semaines sans enseignants dans les écoles catholiques, le diocèse de Mbujimayi et la direction provinciale de l’EPSP ont exercé une telle pression sur les grévistes qu’une bonne frange d’entre eux a décidé de reprendre la craie mardi 19 septembre de peur d’être qualifiés de déserteurs. Les plus radicaux traînent encore les pieds. Mais pour combien de temps parce que le mouvement lui-même est déjà fragilisé.
En RDC, les pouvoirs publics font souvent croire qu’en plus d’avoir tort, les grévistes sont toujours dans l’illégalité. Il importe plutôt que les décideurs soient attentifs aux revendications de leurs employés. Qu’ils arrêtent d’opposer la force aux compatriotes qui ne font que faire usage d’un de leurs droits le plus légitime, à savoir le droit de faire grève.