Monsieur Kazamba, âgé de plus de 80 ans mais toujours enseignant. Crédit photo @Franck Mbambi
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EPSP : la retraite des enseignants n’existe pas ?

Il est rare en RDC de voir des enseignants de l’EPSP aller à la retraite. Même à plus de 65 ans, ces pauvres chevaliers de la craie continuent d’encadrer les enfants. On oublie qu’à un âge avancé, ces formateurs perdent leur capacités physiques et intellectuelles pour ce travail. Beaucoup ne se mettent pas à jour. Et cela a un impact négatif sur la qualité de l’enseignement, gratuit soit-il.

Qui peut se souvenir de la dernière fois où le gouvernement congolais a envoyé des enseignants à la retraite ?  Moi, je n’ai jamais vu cela depuis que j’existe. Peut-être que je me trompe. Je connais des enseignants qui m’ont encadré à l’école primaire il y a 30 ans et qui n’ont pas encore déposé la craie. Ils sont pourtant très affaiblis par le poids de l’âge. Ces vaillants formateurs prestent à leur corps défendant.

56 ans de carrière 

 « J’enseigne depuis 1963. Aujourd’hui, je totalise 56 ans de carrière enseignante. Pratiquement l’âge du président de la République. Je continue d’attendre ma retraite ». Ces propos désespérés sont de Kazamba Lukunyi alias Kakalu, un enseignant octogénaire du degré élémentaire à l’EP Butoke 1 à Mbujimayi. Il ne sait toujours pas à quel moment interviendra son départ à la retraite. En attendant, il n’abandonne pas la craie blanche. Et j’ai pitié de lui, car continuer de prester jusqu’à cet âge, ça me parait cruel et inhumain. Pourtant, ils sont des milliers à travers le pays qui subissent le même sort que ce vieil homme.

On ne peut pas travailler jusqu’à sa mort, quand-même. En RDC, le législateur a prévu l’âge de la retraite à 65 ans. On estime qu’après cet âge, le fonctionnaire ou l’agent de l’Etat n’est plus physiquement et intellectuellement apte à produire le travail attendu de lui. 

Les exigences de l’enseignement sont incompatibles avec la vieillesse 

L’enseignement est l’un des secteurs qui exigent plus de boulot. Préparer la matière, dispenser les leçons, tenir une salle de classe, corriger les copies, se recycler, suivre chaque élève… Franchement à plus de 65 ans, un enseignant ne peut plus tenir. Et cela se ressent sur la qualité de la formation qu’il assure aux jeunes. Hélas, cette question ne semble pas préoccuper le gouvernement.

Apres avoir rendu de bons et loyaux services à la nation, les enseignants ont droit au repos, à une retraite honorable, je dis bien. Ce ne sont pas de bons à rien. « Les services que j’ai rendus à mon pays méritent peut-être une médaille. Mais exiger une médaille, c’est trop demander au gouvernement qui ne reconnait pas la place de l’enseignant dans la société. Je réclame simplement ma retraite. Je ne suis plus physiquement au point », soupire l’enseignant Kazamba Lukunyi. 

Les plus vieux enseignent assis

Dans certaines écoles, des enseignants fatigués par le poids de l’âge,  écrivent au tableau assis sur des tabourets. On ne peut pas leur en vouloir, leurs corps ne supportent plus de rester longtemps debout. 

Je pense que pour relever le niveau de l’enseignement en RDC, il y a un paquet de choses à faire. Certes, il faut concrétiser la gratuité de l’éducation de base, mais il faut aussi envoyer à la retraite tous les enseignants éligibles. 

 

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