article comment count is: 0

Gemena : une ville archétype de l’exploitation politique des fils-maison

Si vous habitez en RDC, ou si vous vous intéressez à ses phénomènes politiques, les noms de Jean-Lucien Bussa ou José Makila doivent vous dire quelque chose. Ces personnalités sont à compter parmi les hommes forts de la sphère politique congolaise.

José Makila a été gouverneur de la province de l’Equateur, mais aussi plusieurs fois député national et sénateur. Il est ancien vice-Premier ministre en charge des Transports et Voies de communication. Pareil pour Jean-Lucien Bussa : lui aussi plusieurs fois élu député national, également plusieurs fois ministre du gouvernement national.

Avec des hommes politiques aussi puissants, la province du Sud-Ubangui (d’où ils sont ressortissants), aurait dû être plus ou moins modernisée, pour ne pas dire développée. Malheureusement, c’est loin d’être le cas. Le chef-lieu Gemena ressemble à un village primitif où les conditions de vie sont le contraire de ce que devrait être un centre urbain.

Une voirie désuète et ancestrale

C’est une stricte vérité : Gemena compte zéro kilomètre de route asphaltée. Tout le réseau routier de la ville est fait en terre battue. Certains tronçons sont quasi impraticables en raison de ravins et de flaques d’eau. La forte circulation de gros camions surchargés ne fait qu’aggraver la situation en creusant littéralement ces voies.

Conséquences : la ville est insupportablement poussiéreuse. Beaucoup de maisons ne sont pas peintes. Celles qui le sont, voient régulièrement leur couleur se faire remplacer par celle de la poussière omniprésente dans la ville.

D’ailleurs, si vous voyagez pour la première fois à Gemena et que vous n’avez pas de véhicule pour vos déplacements, je vous conseillerais d’éviter de porter des habits de couleur blanche. Vous feriez mieux d’allouer également un budget conséquent pour acheter des papiers-mouchoirs. Incroyable !

Une ville sans électricité  

Si vous me dites que la pénurie de courant est un problème général dans toutes les villes congolaises, sachez qu’à Gemena c’est pire. La Snel n’existe que de nom. Heureusement, la population gemenoise est dynamique et résiliente. Elle recourt aux panneaux solaires et aux batteries pour s’alimenter.

La communication est un luxe à Gemena !

En plus des infrastructures urbaines quasi-inexistantes, les Gemenois et les Gemenoises doivent affronter l’escroquerie des Télécoms. La situation est inadmissible. La connexion mobile est quasi-impossible pendant la journée pour ¾ des coins de la ville. C’est entre 23h00 et 04h00 du matin qu’on peut assez bien se connecter. Même les appels normaux connaissent des perturbations intempestives, en raison de la mauvaise qualité du réseau. Et ce, qu’il s’agisse de Vodacom, Airtel ou Orange.

Comme le malheur des uns fait le bonheur des autres, la commercialisation des wifi (Konnect) est une activité économique florissante. Un gigabit coûte entre 3500 et 4000 FC.

Ce qui est plus intriguant dans tout ça, c’est l’indifférence assourdissante de grands politiciens du coin. Pour eux, cet espace géographique n’est qu’un gisement à exploiter pour leurs survie et positionnement politiques. Ils sont à la recherche de leurs intérêts égoïstes et jamais du développement de leur milieu.

J’écris ce blog pour les interpeler et les inviter à sortir la ville de Gemena de la ruralité humiliante dans laquelle elle se trouve, alors que le monde est à l’heure de la modernité.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion