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Quand la guerre nous fait redécouvrir la géographie du Congo

La guerre du M23-RDF déchire nos territoires. Avec douleur, elle nous révèle une réalité qui nous frappe de plein fouet : l’immensité de la RDC et notre méconnaissance de sa géographie. Chaque fois que les combats se déplacent, de nouvelles localités émergent dans les discussions, nous obligeant à jeter un œil sur la carte.

Luvungi, Kamanyola, Kishanja, Fizi, Uvira, Minova, Masisi… Autant de noms qui résonnent aujourd’hui dans les bulletins d’information et des communiqués militaires. Ces localités et agglomérations, parfois oubliées du reste du pays, deviennent le théâtre d’affrontements qui redessinent malgré nous notre perception du territoire. Nous découvrons des routes impraticables, des colines, des reliefs accidentés, et des populations prises au piège.

Un pays immense, mais fragmenté

Si nous avons l’impression de ne pas suffisamment connaître notre propre pays, ce n’est pas un hasard. L’absence d’infrastructures routières et ferroviaires crée une fracture entre les provinces. Voyager du Kivu au Kasaï, du Katanga à l’Équateur, relève du parcours du combattant. L’histoire du Congo, insuffisamment enseignée et exploitée, n’a pas non plus permis de créer un véritable sentiment d’appartenance à un même espace. Cette guerre met en lumière une vérité dérangeante : nous sommes unis par la douleur plus que par une connaissance réelle de notre géographie.

Cartographier la souffrance

Chaque offensive, chaque repli, chaque résistance s’accompagne d’un nom de ville ou de village qui entre brutalement dans notre conscience nationale. Les cartes se remplissent au gré des avancées ennemies et des ripostes congolaises. Mais à quel prix ? Celui du sang versé, des déplacés par milliers, des maisons pillées. Ce n’est pas ainsi que l’on devrait apprendre la géographie de son pays.

Plutôt que de redécouvrir le Congo au rythme des guerres, il est temps d’exiger un véritable développement, une connexion entre nos villes, et une exploitation plus approfondie de notre histoire et de notre patrimoine. Il faut que le Rutshuru, Masisi, Beni et tant d’autres cessent d’être des noms associés aux combats, mais deviennent des repères d’un pays en paix, qui se connaît et se reconnaît.

 

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