Depuis deux mois, plusieurs jeunes ont été enlevés à Goma et à Bukavu. Les ravisseurs exigent des rançons de 1000$ à 5000$ pour relâcher leurs otages. Ceux dont les parents n’ont pas de moyens pour payer leur libération sont sauvagement exécutés. Les kidnappeurs s’assurent que le message macabre parvienne aux parents de la victime.
Habari RDC a rencontré une ancienne otage qui est restée aux mains de ses ravisseurs pendant plus de deux semaines à Bukavu et qui n’a pu recouvrer la liberté que lorsque ses parents ont payé 1500 dollars aux ravisseurs. La jeune fille ex-otage est âgée de 19 ans. Son nom : Marhema (un nom d’emprunt). Elle raconte aujourd’hui l’horreur qu’elle a vécue :
« Ce jour-là, j’étais allée acheter des médicaments à une pharmacie. A ma sortie de la pharmacie, un véhicule marque RAV4 était garé juste à coté. À bord, il y avait un jeune garçon au volant et un homme assis à ses cotés. Ils m’ont demandé s’ils pouvaient me donner un lift (prendre en auto-stop en terme local). Je les ai remerciés pour cette offre, je n’ai pas accepté car j’avais encore une autre course à faire.
Attention aux voitures du soir
« Après avoir terminé mes achats, je suis montée dans un bus pour rentrer chez-moi. Hélas, le bus est tombé en panne non loin de la maison, j’ai donc décidé de continuer à pieds. Mais, à quelques mètres de l’Institut Bwindi, une école non loin de chez-moi, il y avait bizarrement le même véhicule RAV4 stationné. Au moment où je le dépasse, une voix féminine m’interpelle par mon prénom.
Je remarque qu’il y avait le même garçon au volant, et deux filles assises derrière lui. L’homme n’était plus avec eux. Ces filles me disent qu’elles me connaissent, elles citent d’ailleurs le nom de mon père, le numéro de l’avenue de notre maison, tous mes noms, et me disent de monter dans le véhicule pour prendre un verre dans un bistrot bien connu de Bagira.
Le fait qu’elles me connaissaient et qu’elles aient été si gentilles avec moi, m’a ôté toute méfiance. Je suis donc montée dans ce véhicule. Aussitôt, le chauffeur a accéléré sur la route qui mène vers Kavumu, et non vers Bagira. Puis, les filles m’ont menacé avec un couteau, et m’ont interdit toute action de défense. Ensuite, elles m’ont demandé les numéros de téléphone de mes parents et m’ont mis une cagoule sur la tête. »
Le début des horreurs
« Quand nous sommes sortis du véhicule, ils m’ont conduite, toujours cagoulée, dans une salle. Ils ont pris tous les médicaments que j’avais achetés et m’ont obligée à les avaler sans même prendre de l’eau. Après avoir avalé les médicaments, j’ai fait un malaise et me suis évanouie.
J’entendais les voix d’autres filles et après plusieurs jours, ils m’ont enlevé ma cagoule pour que je puisse voir comment ils allaient exécuter l’une d’entre nous. La famille de cette pauvre fille leur avait dit au téléphone qu’elle n’avait pas d’argent à envoyer pour la faire libérer. Nous étions dans une grande salle. Il y avait six ravisseurs aux visages toujours cagoulés. L’un des bandits a pris son couteau et l’a enfoncé dans le ventre de la fille puis il lui a tranché le cou. Elle agonisait devant moi. Nous sommes restées toutes les trois horrifiées. »
Ils ont ensuite menacé ma famille par téléphone en exigeant une rançon de cinq mille dollars américains, sans quoi ils m’exécuteraient moi aussi. Ils m’ont ordonné de parler à mes parents. J’avais peur de mourir et je sanglotais. J’ai expliqué à ma famille qu’ils venaient de tuer l’une d’entre nous et qu’ils menaçaient de m’ôter la vie. Ma famille a alors fourni des efforts pour trouver 1 500 dollars. Ils ont accepté, et l’argent leur a été transféré par Airtel money. »
Ce soir-là, les ravisseurs ont fait avaler à Marhema dix comprimés de somnifères (diazepam), elle a perdu connaissance, et c’est alors qu’ils sont allés la jeter dans un terrain de football nuitamment. Ils ont ensuite appelé sa famille pour qu’elle aille la ramasser là-bas.
A Goma un réseau de malfaiteurs a été démantelé récemment grâce aux filatures de la police. Cinq kidnappeurs sont aujourd’hui aux arrêts. Au nord de Goma, en territoire de Nyiragongo, sept femmes sont en procès, elles sont accusées de kidnapping et d’utilisation d’enfants pour des vols.
Comment ces bandits peuvent-ils utiliser des numéros de téléphone pour des appels et des transferts d’argent sans être appréhendés ? Ces numéros sont pourtant censés être identifiés. Certaines négociations, après kidnapping, se font pendant plusieurs semaines. Des textos et des appels sont échangés entre kidnappeurs et familles des victimes. Je pense que pour mettre fin à ce phénomène, il faut une étroite collaboration entre la justice, la police et les maisons de télécommunication.
c’est vraiment bizarre.
il y a aussi manipulations des services de sécurité. par exemple à bukavu où une famille à envoyé de l’argent pour libérer une otage, malheureusement le numéro airtel sur lequel l’argent à été envoyé appartenait à un agent de la maison de télécommunication Airtel CONGO DEM.
En voulant s’y investir pour une clarté, la famille s’est vue encore intimider et interpeler par le concerné, les services de sécurité aussi.
Allons-nous croire que c’est une affaire des autorités pour se faire du frick.
Les autorités devaient s’y investir si non ce réseau de mafia serait déjà démantelé si les autorités en étaient conscientes de leurs abis.