La présence des miliciens Kamwina Nsapu sur les routes de desserte agricole empêche l’approvisionnement de Mbujimayi en produits de première nécessité. Les opérateurs économiques refusent de mettre leurs vies en danger. Conséquences : les denrées alimentaires se font rares à Mbujimayi, entraînant une flambée des prix.
Le blogueur Julien Robert Mutambayi a interrogé Dominique Ilunga, directeur provincial de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Il se plaint de la situation, mais reste optimiste quant à l’avenir.
Habari RDC : Mbujimayi connaît actuellement la hausse des prix des denrées alimentaires. Les commerçants sont-ils victimes d’insécurité à cause des Kamwina Nsapu ?
Dominique Ilunga : Oui bien sûr. Il n’y a pas que les opérateurs économiques qui sont victimes, toute la population vit dans une psychose totale. On ne sait pas si la ville sera attaquée aujourd’hui ou demain. Nous savons que les autorités sont à pieds d’œuvre pour essayer de ramener la paix. Pour nous opérateurs économiques, notre préoccupation est qu’il y ait la paix partout pour nous permettre de travailler et de fournir à la population les denrées dont elle a besoin pour vivre. Aujourd’hui une mesure de maïs coûte entre 2500 et 3000 francs congolais, soit 2$. Il faut que les villages qui nous fournissent les produits vivriers soient dégagés des miliciens et des coupeurs de route.
Comme vous le savez, la présence des Kamwina Nsapu nous inquiète. Des villages sont brulés, les produits des champs détruits. Cela entraîne le manque de denrées de première nécessité alors que la demande est importante. La carence provoque à son tour la flambée des prix à Mbujimayi. Hélas, la situation est entrain de s’aggraver sur le terrain.
Y a-t-il des difficultés à acheminer les produits par voie terrestre ?
Effectivement, on a de sérieuses difficultés. Certains chauffeurs sont bloqués et rançonnés sur les routes. Ils subissent des tracasseries, mais ils arrivent tant bien que mal à passer, après avoir payé beaucoup d’argent au niveau des barrières. Tout ce qu’ils déboursent en route se répercute sur les prix des produits à la vente à Mbujimayi. On est obligé d’augmenter les prix. La population dont le pouvoir d’achat est déjà insignifiant est mise à rude épreuve.
Il y a des axes routiers qui sont désormais inutilisables en raison de l’insécurité de Kamwina Nsapu. C’est le cas de la route qui mène à la ville de Lusambo dans la province du Sankuru. Nos opérateurs économiques ne fréquentent pas cette voie étant donné que l’axe Benedibele-Dimbelenge est pratiquement assiégé par les miliciens. La route de Cijiba en territoire de Miabi pose aussi des problèmes : de temps en temps, on rapporte les exactions des Kamwina Nsapu de ce côté-là. Même chose pour la voie de Muene-Ditu que nous exploitons désormais avec beaucoup de réserve, toujours à cause de l’activité des Kamwina Nsapu. Bref, nous déplorons cette situation et demandons au gouvernement de ramener la paix dans toutes ces contrées, car l’insécurité nous empêche de faire notre travail.
Les commerçants ont-ils opté pour la voie aérienne ?
La voie aérienne a toujours été une voie sûre pour l’économie de notre province. Il n’y a pas d’insécurité dans les airs, seulement voilà, le transport aérien coûte cher, et cela influe également sur les prix de vente face à une population dont le pouvoir d’achat est très faible.
Comment jugez-vous l’avenir de l’économie de la province par rapport à tous ces facteurs ?
J’ose croire que la situation d’insécurité actuelle est passagère. Lorsque la situation se sera stabilisée, le dynamisme des Kasaïens va se réactiver pour faire redécoller notre économie. Nous sommes optimistes et nous demandons aux opérateurs économiques de s’armer de beaucoup de courage pour continuer à servir la population.