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Leur sang parle…

Prêtant ses mots aux millions de Congolais morts innocents entre les mains des bourreaux qui, depuis deux décennies, versent le sang dans son pays, le poète Volonté Viteghe rappelle une maxime biblique : « Qui tue par l’épée mourra par l’épée. »       Son nouveau poème  est  intitulé  Leur sang parle.

Écoute les voix des âmes
Qui crient depuis l’au-delà :
Âmes consumées par les flammes
Que ta folie emporta.

Par une mort inhumaine
Tu as scellé leur destin.
Sans amour mais avec haine,
Tu as abrégé leur fin.

Ici, c’est la voix des femmes
Qui mortes, violées,… par toi
Et tes armées crient : « infâmes,
Vous serez la proie de vos lois.

Vous avez laissé aux armes
Mourir nos petits-enfants.
Vous partagerez nos larmes,
Nos douleurs et nos tourments.

Vous nous arrachez la vie
Pour demeurer dirigeants :
Sur vous vient la tragédie,
Ce sol boira votre sang. »

Et là, c’est la voix des hommes
Qui dit ses réclamations : Pour votre bien, pour les sommes,
Fallait-il que nous partions?

Que nous quittions la patrie,
Égorgés ou fusillés,
Notre société meurtrie,
Nos terrains incendiés ?

Sans héritiers pour nos terres,
Sans récoltes pour nos champs
Le pays aux feux des guerres
À leurs bruits, sinistres chants ?

Notre sang crie haut vengeance !
Vous mourrez déshonorés,
Bannis, marchant dans l’errance…
Vous mourrez non enterrés.

De loin, des voix     murmurent
Arrivent avec les vents :
C’est le son des âmes pures,
Les complaintes des enfants : Votre avidité effrénée,
Votre état d’esprit monstrueux
Nous a volé la destinée
Et l’espoir d’être un jour heureux !

Nous avons rêvé des études
Mais vos bombes nous ont tout pris,
Nous donnant leurs vicissitudes
Comme diplôme ou comme prix.

Sans nul souci de vous maudire,
Votre mal vous sera rendu !
Aucun repos, aucun sourire
Ne vous viendra au temps voulu :

Ce sera si votre conscience
Ne regrette les faits commis
Contre l’humain et son engeance
Si vous ne calmez nos esprits;

Ce sera si votre aiguë lame
Laisse vivre en paix l’innocent,
Si votre âme au fin fond vous blâme
D’avoir dépouillé l’indigent.

Sinon nous crierons encore !
Nous crierons toujours
Jusqu’à ce qu’un feu dévore
Votre énergie sans secours!

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