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Malumalu, repose en paix !

L’abbé Apollinaire Malumalu Muholongu, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), a été inhumé à Butembo au Nord-Kivu, ce 18 juillet. A ses funérailles la température est montée d’un cran en ville. 

Nous sommes lundi à Butembo. L’atmosphère est lourde d’angoisses dans les quartiers, comme si la ville était morte ! Parmi les natifs de cette ville commerciale, tout le monde a l’oreille collée à son poste récepteur. 

Durant deux jours, les obsèques de Malumalu sont diffusées en direct sur les radios locales. A la veille de l’enterrement, j’ai vu le corps arrivé. De l’aéroport de Rughenda, j’aperçois plusieurs personnes monter dans les arbres, pour mieux voir le cercueil. 

Au moment de l’atterrissage de l’avion transportant son corps, les visages se crispent et je sens une certaine émotion monter dangereusement en chacun de nous. Au fond de moi, je demande : « Malumalu, tu es vraiment mort ? »

« Apo » est mort !

Oui, je ne suis pas le seul à pouvoir m’interroger. Car peu après l’annonce de la mort de Malumalu, l’évêque du diocèse de Butembo-Béni avait rassuré ses ouailles. Paluku Sikuli Melchisédech nous disait que Malumalu avait reconnu les membres de sa délégation à Dallas. 

J’étais parmi ceux qui espéraient que Malumalu reviendrait vivant ! Mais « Apo » est parti pour ne plus revenir. Beaucoup de gens ne le connaissaient pas. A mon passage, ils s’approchaient de moi pour voir sa photo sur mon badge d’accréditation de presse. 

Malumalu passait son temps hors du diocèse au service de l’humanité. Je me rappelle l’avoir vu pour la dernière fois le jour de l’enterrement de Denis Paluku, premier gouverneur de la province du Nord-Kivu. Ce jour-là, c’est Malumalu qui avait célébré la messe.

Tel le virus qui atteint le serveur en informatique, une tumeur a attaqué le cerveau de notre « Google », comme on aimait appeler Malumalu pour sa culture générale très vaste.

Nombreux hommages

A Kinshasa, Béni ou Butembo, les funérailles de Malumalu ont réuni des personnalités de la majorité comme de l’opposition politique. Tous ces acteurs ont mis de côté leurs rivalités politiques pour pleurer l’un des fils du pays qui s’est donné pour la nation congolaise.  

Chacun a reconnu dans l’illustre disparu les qualités qu’a décrit Maya Angelou : « Une grande âme sert tout le monde tout le temps. Une grande âme ne meurt jamais. Elle nous rassemble encore et encore ». Le défunt fut un géant unanimement respecté. Son parcours remarquable a forcé l’admiration de ses amis et de ses détracteurs. Afin de garder vivante la mémoire de ce prêtre, le 16 juillet, Joseph Kabila, président de la RDC, élève Malumalu à titre posthume au titre de grand officier de l’ordre national, tout comme l’ont été les héros nationaux Laurent Désiré Kabila et Patrice Lumumba. L’assemblée plénière de la Céni a baptisé la salle dans laquelle son corps a été exposé du nom de « salle Abbé Apollinaire Malumalu ». 

« On n’est jamais prophète chez-soi ! »

Reconnu à gauche, élevé à droite, dans notre pays comme à l’étranger, mais rien n’est fait dans sa région d’origine ! C’est le point qui m’énerve dans tout ça ! Des discours ont été faits mais ce que j’attendais n’est jamais venu : comment immortaliser Malumalu à Butembo ? 

Car c’est ici qu’il repose dans la concession de l’Université catholique du Graben où il a été recteur. Les autres prêtres diocésains ont eux été enterrés au cimetière du petit séminaire Tumaini Letu de Musienene, en territoire de Lubero. 

Comme tout habitant de Butembo, j’attendais que le maire nous parle de l’endroit qui portera le nom de monsieur l’abbé. Sauveur Mulwana a sculpté le buste de Malumalu. Mais le maire a décidé qu’il ne serait pas déposé dans un lieu honorifique. « La statue ira prendre place dans le plus petit musée du monde », selon le sculpteur. A moins que la famille n’en décide autrement.

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