article comment count is: 7

La menstruation et la sexualité : sujets tabous à Goma !

À Goma, avoir ses règles pour une jeune fille est un calvaire. Les parents ne veulent pas en parler à leurs filles. Il faut se débrouiller pour gérer cette période pas toujours facile. 

C’est le 5 octobre. Comme d’habitude, je dois intervenir auprès de mes amies pour gérer leur cycle menstruel. Elles sont deux et encore mineures. Leurs règles sont successives, de 3 à 4 jours, et débutent généralement le 9 ou le 10 de chaque mois. Ces changements physiologiques brusques les rendent très nerveuses. Elles sont gênées dans leur propre corps ! 

Dans la famille, les garçons sont plus nombreux qu’elles. Comme elles ne sont que deux filles, l’entraide s’impose pour affronter ce moment difficile de la puberté pour une jeune fille. Nous vivons dans le même quartier. Elles sont mes voisines et elles me considèrent comme leur grande sœur. Donc, c’est à moi de leur raconter comment ça se passe : la menstruation. Alors que leur mère et leur père sont juste à côté. C’est leur devoir parental pourtant. Ils devraient donner des leçons et une éducation sexuelle à leurs filles !

« On ne parle pas de sexe devant les parents »

Mais malheureusement pour mes amies, c’est un sujet tabou dans leur famille. « On ne parle pas de sexe devant les parents. C’est offensant et réservé aux grands », m’a dit l’une d’elle un jour. Leurs parents sont protestants et très attachés aux coutumes et traditions locales qui interdisent de parler de sexe à ses propres enfants. Ce qui amène ces deux jeunes filles dans une impasse et exposées aux dangers, par manque d’informations sur leur situation. Pourtant, elles sont désormais de vraies femmes.

La gestion de ce cycle menstruel est un calvaire pour mes amies du quartier. « Nous avons besoin des serviettes stériles tout le temps, savons, parfums et autres produits de beauté. Mais les parents ignorent nos besoins et on reste seules dans notre triste sort. Nous avons aussi besoin de relations sexuelles avec les hommes, mais qui va nous assister quotidiennement, afin d’éviter une grossesse ? », raconte l’une d’elle. C’est leur grande interrogation.

Sans réponses à leurs multiples questions sur la sexualité et des besoins non satisfaits, ces deux jeunes mineures vivent un calvaire sous les yeux de leurs parents. C’est d’ailleurs pourquoi à Goma, nous avons toujours des fillettes engrossées et un taux élevé de mortalité maternelle. Il est temps que nos sociétés traditionnelles évoluent. Que les parents le veuillent ou non, leurs filles auront des relations sexuelles. C’est à eux de les conseiller afin de leur éviter maladies et grossesses précoces. 

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (7)

  1. Oui c est pas seulement à Goma, je pende dans beaucoup des villes , les filles sont regetées dans ce sens. Mais je demandetai aux jeunnes mineurs filles de lire la bible sur la sexualité et aussi lire les bouquins et livres pour s informer de cette pratique car elle est reservée non seulement aux mariés mais surtout aux adultes. Car cette pratique est un grand problème et une cause aux divorces que connaissent les couples nouvelement créés. Cest tres cinseiller de se marier vierge car ça rassure les hommes… Merci… Pout plus 0819980731

  2. merci beaucoup. tout ce que vous dites se discute et se parle regulièrement à travers les actions que nous menons au près des jeunes dans le projet de prévention des maternités precoces, Vih/sida Et Autres Ist en province du nord-kivu. Un Projet auquel je suis attaché comme chef de projet dans l’ONG GHOVODI. il necessite également à mener les actions auprès de certaines cibles pouvant influencer ou pouvant etre porteur du changement. il s’agit notamment des jeunes eux-memes, leaders enseignants et religieux et autres leaders communautaires.

  3. Le cycle menstruel est un phénomène physiologique, naturel et normal. Pour développer la connaissance de nos jeunes filles, déclarons leurs la vérité pour qu’elles préparent dans une condition apaisée leur avenir voire même l’avenir de leur génération future!

  4. Nous n’étions pas au courant des recherches de ce genre . Nous aimerons bien participer aux prochaines . Les filles sont très jolies .Elles nous font honneur .
    Habitant de Goma