Le Congo est composé de centaines d’ethnies qui ont chacune une autorité coutumière. Faute de bonne gestion de ce pouvoir dit ancestral, plusieurs mouvements rebelles à caractère ethnique ont vu le jour. Mai-Mai, Bundu Dia Kongo, Kamuina Nsapu, etc. Qu’est-ce qui est à la base de ces conflits entre l’État et le pouvoir coutumier ?
L’article 207 de la Constitution confère une existence légale à l’autorité coutumière. À cela s’ajoute la loi organique de 2015 sur le statut des chefs coutumiers. De son coté, la population, considère l’autorité coutumière comme socle et gardienne de notre culture et de nos valeurs traditionnelles.
Un ministère dédié à l’autorité coutumière
Dans le gouvernement Tshibala, le pouvoir coutumier s’est vu confier un ministère à part entière dirigé par Guy Mikulu : il s’agit du ministère des Affaires coutumières. On se souvient par exemple de l’entrée fracassante de ce ministre au Parlement, accompagné de nombreux chefs coutumiers le jour de l’investiture du gouvernement Tshibala. Cela montrait la fierté que ressentent les chefs traditionnels d’être de plus en plus reconnus par les pouvoirs publics.
Cependant, être au gouvernement est une chose, répondre aux attentes de la population en est une autre. Nous espérons que ce ministère des Affaires coutumières joue pleinement son rôle pour mettre fin aux multiples conflits coutumiers qui ont donné naissance à plusieurs groupes armés en RDC.
Consulter les populations locales
La plupart des conflits fonciers et coutumiers en RDC proviennent des frustrations et de la marginalisation des populations lors de l’exploitation des terres et des richesses locales par les pouvoirs publics. Raison pour laquelle, nous exhortons l’État à toujours associer les populations locales et les autorités coutumières lorsqu’il y a des projets à exécuter. C’est le cas par exemple pour l’exploitation des minerais, des terres arables, la construction des infrastructures (routes, écoles, ponts, hôpitaux). Souvent lorsque l’État ne se réfère pas aux populations locales, non seulement la plupart de ses projets échouent, mais aussi engendrent des conflits difficiles à gérer.
Par ailleurs, l’autorité coutumière est importante parce qu’elle permet à l’Etat d’avoir des renseignements et les informations nécessaires à la bonne administration de certains territoires hostiles au gouvernement. Les pouvoirs publics et l’autorité coutumière ont intérêt à travailler en étroite collaboration. Ce qui évitera au pays de tomber dans des situations qui souvent amènent à la naissance des groupes armés. Le cas des Kamwina Nsapu en est une illustration.