Les états généraux de la justice ont été lancés en grande pompe, en présence du président de la République. Des assises dont on a évoqué le côté innovant dans le fait qu’elle permettrait de remettre sur les rails, l’un des piliers de l’État de droit.
Pourtant, dans la croisade lancée pour guérir ce qu’on qualifie de « maladie » dans notre appareil judiciaire, de nombreux chercheurs estiment que le diagnostic est mal posé dès le départ. Souvent des personnes haut placées, suspectées dans des scandales et des affaires de corruption, ont toutes recouvré leur liberté, après un bref passage derrière les barreaux. Une situation qui fait croire à de nombreux Congolais que ces interpellations, souvent médiatisées, ne servent que de paravent pour protéger les puissants et donner une illusion de justice.
Le magistrat suprême dans la tourmente
Le cas le plus illustratif de l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire se rapporte à l’interview de l’ex-ministre des Finances, Nicolas Kazadi. Ce dernier a affirmé que le chef de l’État interférait manifestement dans l’instruction du dossier dans le but de le protéger de la clameur publique, notamment en rapport avec l’affaire de surfacturation des travaux publics. De quoi laisser perplexes les observateurs qui estiment que cette séquence prouve que la justice congolaise est clairement instrumentalisée par le pouvoir exécutif. Ce qui ne crée pas la confiance nécessaire dans notre justice.
Cette déclaration de Nicolas Kazadi renforce l’idée d’une mainmise de l’exécutif, confirmant aux yeux de nombreux observateurs que la justice congolaise n’est ni indépendante ni crédible. L’impact de cette instrumentalisation est considérable, dans ce sens qu’il crée un système où les lois s’appliqueraient différemment selon le statut de chacun.
Pour que la justice congolaise retrouve sa crédibilité et sa légitimité, elle doit impérativement être détachée de toute interférence politique et être dotée de moyens de fonctionner de manière autonome. Sans cela, les efforts de réformes risquent de demeurer des gestes symboliques qui ne pourront pas endiguer les dysfonctionnements judiciaires.