Depuis le début du deuxième mandat de Félix Tshisekedi, on ne peut plus compter le nombre d’ordonnances présidentielles lues par Tina Salama à la télévision nationale. L’une des ordonnances est celle du 02 avril 2025, accordant la grâce présidentielle à trois sujets américains impliqués dans la tentative de coup d’État du 19 mai 2024. Les trois hommes ont vu leur peine de mort commuée en prison à vie. Plus grave, ils ont même été déjà libérés.
Mais ce qui étonne dans cette affaire est que le chef de l’État Félix Tshisekedi a osé pardonner des gens qui auraient pu l’assassiner lui-même ou tout au moins le mettre en prison si le coup d’État avait réussi. Comme quoi, il gère les affaires de l’État comme à l’église.
Deuxièmement, la rapidité ou la précipitation avec laquelle cette grâce présidentielle a été émise, surprend. Les trois sujets américains (dont Marcel Malanga fils biologique du meneur Christian Malanga), sont graciés moins d’un an seulement après leur crime. Petite comparaison : le colonel Eddy Kapend, reconnu coupable de l’assassinat de l’ancien président Laurent-Désiré Kabila, n’a été gracié qu’après 21 ans de prison. Donc Félix Tshisekedi est un vrai bon Samaritain !
La main noire de la Maison Blanche ?
Selon de nombreux observateurs de la scène politique congolaise, Washington serait pour quelque chose dans cette grâce présidentielle accordée par Félix Tshisekedi. Car, quelques semaines auparavant, le gouvernement congolais évoquait la possibilité de signature d’un deal sécuritaire avec les États-Unis pour aider la RDC à mettre fin à la guerre dans l’est du pays. Ce deal devrait avoir pour contrepartie l’octroi de certains minerais stratégiques congolais aux Américains. Et dans cette perspective, il semblait illogique de négocier un tel accord avec Donald Trump, tout en ayant des Américains condamnés à mort et en prison en RDC.
Mais que s’est-il passer finalement avec les trois Américains ? Un scénario digne d’un film d’action tout juste sorti de Hollywood. Marcel Malanga, Taylor Thompson et Zalman Benjamin ont été exfiltrés de la prison et renvoyés dans leur pays, les États-Unis. Quelle honte pour la RDC ! Et le fameux coup d’État n’est plus qu’un mauvais souvenir dans la tête des Congolais. De quoi donner raison à ceux qui disaient que ce n’était qu’un montage. Mais dans tout ça, c’est la dignité du pays qui a été bradée par Félix Tshisekedi.
Prudence face à Trump !
Certes, d’aucuns diraient que Tshisekedi a, en bon patriote, hypothéqué sa propre sécurité pour sauver le pays grâce à ce deal… Mais il aurait été prudent d’attendre que l’accord « sécurité contre minerais » soit d’abord formellement signé avant d’accorder la grâce présidentielle. On connait bien la versatilité de Donald Trump : il peut changer d’avis à tout moment. Si jamais c’est le cas (on le souhaite pas), notre pays paraîtrait ridicule.
Cette grâce présidentielle donne surtout un mauvais signal : à savoir qu’en RDC, on peut commettre des crimes contre son pays, attenter même à la vie du chef de l’État et être rapidement gracié. Et ça, c’est inacceptable ! Bon, attendons la prochaine ordonnance présidentielle…