Entre nous soit dit, et tout le monde le sait. Certains Congolais sont régionalistes, avec un égoïsme inouï. De Kinshasa à Gbadolite, en passant par Bunia, Goma et Lubumbashi… Le régionalisme en RDC, c’est un peu comme une compétition non officielle entre provinces : qui fait le meilleur ntaba ? Qui a le plus de ministres ? Ou encore qui danse mieux le Mutuashi ? Plus loin, qui parle un lingala raffiné ?
Ce régionalisme égoïste devient rapidement toxique à l’échelle nationale. Il s’installe dans les discours, dans les pratiques, dans les institutions, dans les nominations, jusqu’à ronger lentement, mais sûrement la paix sociale et l’unité nationale.
Le régionalisme a façonné les mentalités : chacun croit que sa province est le centre du monde, et que le reste du pays est là pour assister au spectacle. Lorsqu’un Kasaïen te dit que sans le diamant, le pays serait dans le noir, un Katangais réplique que sans le cuivre, on n’aurait pas d’électricité. L’un et l’autre oublient que la province du Kongo Central dispose aussi de la bauxite ! Un Kinois te rappelle que sans Kinshasa, il n’y a pas de Show-biz.
Le Kivutien que je suis, jurera que sans notre café et nos fermes, on serait tous déprimés ? Je pense qu’au lieu de se confondre dans des rivalités régionales ou ethniques, mon approche est de voir les choses de manière positive. Toutes les régions de notre pays disposent d’immenses richesses. Ce qu’il faut faire c’est de savoir les partager de manière équitable. Cela contribuera à construire une paix durable.
Le régionalisme à la base du népotisme
Derrière des propos du genre : « Je connais quelqu’un au ministère », il y a souvent ce refrain : « Il est de chez nous. » C’est comme ça qu’est né le népotisme. Les nominations et les recrutements se font par affinité géographique, ethnique ou linguistique. Même l’attribution des bourses ou des projets semble suivre un itinéraire invisible dessiné par les origines tribales.
Mais je crois aussi qu’on peut s’en sortir ! Comment ? Eh bien, en instaurant une méritocratie réelle, en dépolitisant l’administration et en promouvant des politiques de représentativité équilibrée. À l’entretien d’embauche, la question ne devrait pas être : « D’où es-tu ressortissant ? », mais plutôt : « Qu’apportes-tu en termes de compétences ? » Il est temps que l’on valorise la compétence, et non la langue et la province d’origine !
Promouvons l’unité nationale
Le régionalisme divise, l’unité rassemble. Plutôt que de nous battre pour nos origines, valorisons nos complémentarités. Le cuivre du Katanga, le diamant du Kasaï, le pétrole du Kongo Central, le café du Kivu, la culture vibrante de Kinshasa… tout cela constitue un trésor national qui devrait nous unir.
Enfants d’un même pays, nous devons rejeter les réflexes claniques, et apprendre à nous considérer comme des citoyens liés par un même destin. L’école, les médias, l’église, les partis politiques… tous doivent promouvoir un discours d’unité et de responsabilité commune.
Bâtir la paix
Notre identité congolaise doit passer avant nos origines ethniques. Les vrais bâtisseurs de la paix ne tiennent jamais des discours du genre : « Ma tribu ou ma communauté d’abord ! » Ils œuvrent pour un Congo pour tous. Ils mettent leur énergie et leur talent au service de la nation. Ils comprennent que la paix sociale se construit dans le respect mutuel, dans la cohésion entre communautés et dans des projets communs.
La RDC, c’est comme un orchestre géant. Chaque province joue sa partition : tambour, guitare, ténor, basse, baryton… Seul un orchestre bien accordé donne une vraie symphonie. Alors, à nous de jouer la bonne note : celle de l’unité dans la diversité. Ensemble on construira une paix durable, une vraie paix.
*Ce contenu de sensibilisation est produit dans le cadre du ‘’Peace Project’’, un projet de paix mené dans l’est de la RDC, notamment dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, en partenariat avec l’ONG néerlandaise Mensen Met Een Missie (MMM). Ensemble, nous encourageons les communautés à adopter et à partager davantage de récits alternatifs et inclusifs, afin de promouvoir la paix sociale, le dialogue et le vivre-ensemble. Cette initiative s’oppose aux discours de haine, à la manipulation et à la violence, qui fragilisent le tissu social.