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Sans recensement de la population, qui est Congolais et qui ne l’est pas ?

L’acquisition de la nationalité congolaise est une question qui fait couler beaucoup d’encre. Des théoriciens comme Ngbanda, ancien conseiller spécial de Mobutu, ont longtemps agité le spectre d’une balkanisation du pays par des puissances extérieures qui envient nos terres et nos richesses. Mais a-t-on le droit de dire qui peut devenir Congolais et qui ne le peut pas ?

La proposition de Noël Tshani

Alors qu’il sillonnait les plateaux de télévision pour défendre son projet de loi sur l’accès aux fonctions régaliennes de l’État, le candidat malheureux aux élections présidentielles de 2018, Noël Tshiani, avançait que compte tenu de l’histoire récente et du passé tumultueux entre la RDC et certains pays, la nationalité congolaise pouvait être acquise par tout le monde, à l’exception des neuf pays qui nous sont limitrophes.

Certains analystes y ont vu une main tendue vers l’opinion opposée au Rwanda. Les arguments de Noël Tshiani se basaient sur les conflits entre populations étrangères et autochtones comme les Hutus, les Mbororo ou les réfugiés centrafricains. Une discrimination, justifiée selon lui, pour empêcher toute infiltration à des postes stratégiques de l’État.

La réalité sur le terrain

Sans réel recensement de la population depuis des années, il est clair que le brassage entre Congolais et étrangers des pays limitrophes a déjà bel et bien eu lieu. Si bien que dans certaines parties de la RDC, il est difficile de prouver qui est Congolais et qui ne l’est pas. Des ethnies, se retrouvant souvent de part et d’autre des frontières, ont tendance à se mélanger, obtenant du fait de cette proximité, des documents d’identité.

Ainsi, les habitants de l’Équateur ont des liens plus forts avec les Centrafricains, ceux du Haut-Katanga avec les Zambiens, du Kongo-Central avec ceux du Congo-Brazzaville, de certaines tribus du Nord-Kivu qui se retrouvent également en Ouganda, etc. De nombreux témoignages attestent de la dualité de la nationalité parmi ces peuples, qui, lors des élections, votent des deux côtés de la frontière dans certaines provinces.

Poser le problème de la loyauté de ces populations serait dans l’état actuel des choses, remettre en question toute la RDC en tant qu’État. L’exclusivité de la nationalité congolaise n’a plus sa raison d’être en plein 21e siècle. Si la protection des fonctions régaliennes de l’Etat peut dans une certaine mesure se justifier, je ne vois pas pourquoi, on devrait laisser les autres citoyens dans cette situation.

 

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