Dans une déclaration, le ministre des Ressources hydrauliques et Électricité, Teddy Lwamba, a exprimé l’intention du gouvernement de mettre fin aux forages illicites. Selon lui, ils privent l’État de recettes importantes. Le ministre propose l’installation de compteurs intelligents chez les propriétaires de ces installations, afin de mesurer les quantités d’eau exploitées et de les soumettre à une taxation. Cette initiative soulève des préoccupations, notamment dans un contexte comme celui de Kinshasa, où une partie de la population n’a pas accès à l’eau potable.
En RDC, l’accès et l’utilisation des ressources en eau sont régis par la loi n° 15/026 du 31 décembre 2015. Ce texte exige que toute personne ou entité souhaitant prélever de l’eau de surface ou souterraine pour des fins industrielles, commerciales, artisanales, ou pour la distribution, obtienne une autorisation préalable. C’est pour permettre à l’État de contrôler l’exploitation des ressources et de garantir leur gestion durable. Cependant, en pratique, les contrôles insuffisants ont permis la prolifération de forages illégaux, avec des conséquences économiques, sanitaires, et environnementales alarmantes.
Que les taxes ne tuent pas les initiatives locales !
Dans des quartiers périphériques de Kinshasa, où le raccordement au réseau d’eau de la Regideso est inexistant, les habitants dépendent largement de ces forages pour leur approvisionnement quotidien. Imposer une taxe sur ces installations, sans les encadrer et offrir une alternative viable d’accès à l’eau potable, risque de plonger davantage de familles dans la précarité. Cela pourrait non seulement exacerber les inégalités sociales, mais aussi compromettre la santé publique, les forages étant souvent la seule source d’eau, même si cette dernière n’est pas toujours conforme aux normes sanitaires.
Les forages illégaux exercent une pression accrue sur les ressources en eau du pays. L’absence de contrôle entraîne une surexploitation des nappes phréatiques, ce qui peut provoquer leur assèchement, contaminer les réserves souterraines et provoquer des affaissements de sols, particulièrement en milieu urbain. Ces problèmes sont exacerbés par les effets du changement climatique, qui rendent difficile la gestion durable de l’eau.
Garantir le respect des normes
Dans ce contexte, l’État doit naviguer avec prudence. Une taxation ne doit pas dissuader les initiatives locales visant à pallier les carences du service public d’eau. L’objectif devrait être de renforcer les mécanismes de contrôle et de régulation pour garantir que les forages respectent les normes environnementales et sanitaires. Il faut éviter une fiscalité trop lourde qui pourrait freiner le développement local. Une approche équilibrée est nécessaire pour assurer une gestion durable des ressources en eau, tout en répondant aux besoins pressants de la population.