L’État congolais a récemment porté la solde des militaires au front à 500 dollars et a majoré celle des autres. C’est une avancée sur le papier, mais une somme qui, en réalité, ne permet toujours pas de vivre décemment dans des villes comme Kinshasa, Lubumbashi, Kolwezi ou Goma. Le coût de la vie y est tout simplement démesuré par rapport aux revenus moyens. Logement, transport, nourriture, scolarité, soins médicaux… tout coûte cher, très cher.
Avec 500 dollars, un militaire peut à peine subvenir aux besoins essentiels d’une petite famille. Louer un logement décent dans la capitale dépasse souvent 200$ ; les frais de scolarité pour deux enfants peuvent dépasser 100$, sans compter les dépenses de provisions alimentaires et de transport qui s’envolent. Très vite, la solde devient un simple point de départ dans une course à la survie.
Des Congolais contraints de cumuler les emplois
Face à cette précarité généralisée, les Congolais se débrouillent comme ils peuvent. Les enseignants deviennent répétiteurs aux domiciles de leurs propres élèves ; des médecins se tournent vers des cliniques privées ; des magistrats marchandent les verdicts ; et des fonctionnaires multiplient de petits boulots parallèles. La débrouille devient le seul moyen de compenser une rémunération insuffisante.
Ce système de survie, épuise les travailleurs et désorganise les institutions. Les services publics sont progressivement privatisés de manière informelle. Des besoins qui auraient dû être un droit deviennent un luxe : soigner, éduquer, protéger, juger… tout devient monnayable.
Des salaires dérisoires dans un environnement inflationniste
Le problème est structurel. Le Smig est dérisoire, les salaires ne sont pas adaptés aux réalités de la vie quotidienne. Même dans le secteur privé, censé mieux payer, notamment dans les entreprises minières, les travailleurs sont souvent maintenus dans une précarité chronique. Des contrats à durée limitée, des salaires bas, et des protections sociales quasi inexistantes. Le tout avec la bénédiction tacite d’un ministère du Travail souvent complice ou absent.
Pour améliorer la situation, il faut non seulement réformer en profondeur le système de rémunération, mais aussi créer les richesses et assainir l’économie en RDC. Mettre en place une vraie politique de contrôle du coût de la vie, et un encadrement strict du secteur privé. Sans cela, 500 dollars ou même 1000 ne suffiront jamais. Il ne s’agit pas de débattre de chiffres, mais de permettre à chaque Congolais de vivre dignement.