article comment count is: 2

Chantal Tshibola : l’agriculture c’est ma passion !

Elle a une résidence permanente en Belgique, mais elle aime travailler dans son Kasaï natal. Chantal Tshibola Kabangu encadre les petits agriculteurs regroupés dans la Fédération des organisations paysannes du Kasaï-Oriental (Fopakor), organisation dont elle est fondatrice et présidente depuis 2009. 

Détentrice d’un diplôme d’agronomie de l’Université de Gembloux en Belgique, Chantal Tshibola a investi dans l’agriculture. Actuellement, son ONG Fopakor dispose de 250 hectares de mais et d’autres cultures, à raison de 50 hectares par territoire dans la province du Kasaï-Oriental. 

« L’agriculture c’est ma passion ! », aime-t-elle à dire. Chantal elle-même a labouré individuellement 34 hectares de manioc, maïs, niébé, soja, etc. Elle fait aussi l’élevage de chèvres, dindons, lapins et poulets de chair.

Mariée et mère de cinq enfants, elle a adopté cinq autres enfants. Elle explique : « J’ai dû adopter les enfants d’une amie de Kisangani que j’aimais beaucoup et qui malheureusement était décédée dans un accident. Ses enfants étaient restés abandonnés à eux-mêmes et j’ai décidé de les adopter. »

Son parcours professionnel 

Quand elle était enfant, Chantal Tshibola rêvait de devenir enseignante, et elle a fini par le devenir. Elle dit avoir enseigné dans plusieurs écoles primaires à Kinshasa. Entre autres à l’EP Mombele à Limete, au complexe scolaire Lukeni à Matete… Avec feu le curé Christian Mwanza, elle a été parmi les initiateurs de l’école Saint Raphaël devenue aujourd’hui le complexe scolaire Cardinal Monsengwo à Kinshasa.

Catholique engagée, Chantal Tshibola a fréquenté différents prélats de son Église et occupé quelques fonctions. Elle explique :  « J’ai été par exemple secrétaire permanente du mouvement des mamans catholiques de Kinshasa. J’avais mon bureau chez le cardinal Malula. 

J’ai pu travailler dans le sillage du cardinal Malula, puis du cardinal Etsou, avant mon départ en Belgique. Et c’est le cardinal Etsou qui m’avait aidée à obtenir les documents de séjour en Europe. Paix à son âme ! »

« J’ai échappé à la mort lors de la marche des chrétiens de 1992 »

A la question de savoir quel est son plus mauvais souvenir dans la vie, Chantal évoque la marche pacifique des chrétiens en 1992. Marche réprimée dans le sang par l’armée de Mobutu. « Mon plus mauvais souvenir c’est quand j’avais participé à la marche des chrétiens catholiques du 16 février 1992. J’étais parmi ceux qui représentaient la paroisse Saint Raphaël. Il y a eu beaucoup de morts. 

Moi-même j’ai échappé à la mort lors de cette marche. Et la personne qui voulait me tuer était un militaire que je connaissais très bien. Quand il a voulu tirer sur moi, j’ai crié en l’appelant par son nom : j’ai crié : ‘Fantôme’ ! C’était le nom par lequel il était connu. J’ai vraiment échappé à la mort ».

Le but de son voyage en Europe

Chantal Tshibola raconte qu’elle était partie en Europe pour aller continuer ses études et trouver un emploi. Elle était prête à tout faire pour étudier. « Arrivée en Belgique, je me suis dit : si je ne trouve pas un bon emploi, je vais nettoyer même les morts pour vivre. Je devais étudier, mais comment payer mes études sans emploi ? »

C’est ainsi qu’elle a accepté de travailler dans des usines, des maisons de vieillards en torchonnant, en faisant la lessive, etc.  On lui payait 40 francs belges par heure, plus tard 1000 euros par mois. Par la suite, elle a créé sa propre entreprise en Belgique. Une entreprise de service traiteur appelée « Nkonga Union des femmes pour le développement ». En abrégé Nkonga UFD. 

Désormais une femme stable en Europe 

Son entreprise l’a beaucoup aidée à se stabiliser en Europe. Le temps des souffrances dues au manque d’emploi est passé. Chantal s’en félicite : « Avec mon entreprise Nkonga UFD, je commençais à gagner assez d’argent en Belgique. Car, je travaillais avec le gouvernement belge. Par mon service traiteur, je servais à manger au Parlement, aux réfugiés, dans des écoles, etc., et je recevais aussi des financements. 

C’est ainsi que j’avais réussi à constituer une somme d’argent qui m’a permis d’acheter une maison en Belgique. Aujourd’hui, en Europe je ne suis pas locataire. »

Et d’ajouter : « Grâce à mon travail, le Sénat belge m’a décerné le prix ‘Femme de paix’. Et j’ai même  été reçue par le roi Philippe. »

Pourquoi quitter l’Europe pour faire l’agriculture au Kasaï ?

A cette question, Chantal Tshibola répond : « Je n’ai pas abandonné l’Europe, ma résidence est là-bas ! Mais j’étais très choquée d’entendre parler de famine dans ma province, le Kasaï-Oriental. Je me suis dit qu’il me faut faire quelque chose et apporter ma contribution par l’agriculture. »

C’est ainsi qu’en 2009, elle a créé la Fédération des organisations paysannes du Kasaï-Oriental (Fopakor) pour encadrer les petits agriculteurs. Elle fait ce travail jusqu’à ce jour. Elle a également aidé à la prise en charge et la réinsertion des enfants abandonnés.

 

*Cet article est produit en partenariat avec  l’ONG Coopération Education Culture (CEC – Bruxelles), l’Institut pour la Démocratie et le Leadership politique (IDLP-Kinshasa) et l’association Investing in People (IIP – Kinshasa) dans le cadre du programme BOKUNDOLI. En savoir plus sur le programme Bukundoli

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (2)

  1. Je suis totalement ravie de connaître ça Vu que l’agriculture au niveau de l’espace grand Kasaï est vraiment délaissé