La plupart des maux que connaît la République démocratique du Congo ont pour principale cause : l’extrême pauvreté de la population. Dans les pays où les citoyens ont un bon niveau de vie, il est rare de voir ce que nous voyons en République démocratique du Congo. Voici à mon avis cinq parmi les choses causées par la pauvreté dans notre pays.
1. La multiplication des églises
Je ne sais pas combien d’églises il y a à ce jour en République démocratique du Congo. La vérité est qu’elles se comptent par milliers. Certaines sources parlent de 50 000 églises ! Et on continue à en créer d’autres. Les unes enregistrées légalement, les autres non. Celles qui n’ont pas d’existence légale sont malheureusement les plus nombreuses, mais aussi les plus incontrôlées.
La majorité de ceux qui créent ces églises sont des personnes qui ont échoué dans la vie. Certains ont des diplômes, mais n’ont pu trouver d’emplois. Du coup, ils ont décidé d’entreprendre dans l’évangile. Et ils se sont donné des titres : apôtres, docteurs, prophètes des nations… Plus grave, leurs prophéties n’ont pour particularité que de briser les mariages, diviser les familles, créer une catégorie d’enfants accusés de sorcellerie…
Il y a 40 ou 50 ans, à l’époque où les choses allaient un peu mieux dans ce pays, très rares étaient les initiatives de créer des églises. Mais pour celui qui pouvait en créer une, c’était clair qu’il avait réellement un appel divin. Et son ministère prospérait au vu et au su de tous. Aujourd’hui, tant qu’il y aura ce niveau très élevé de pauvreté dans le pays, on assistera encore et toujours à la création de pseudo églises évangéliques.
Au cours de mes petits voyages en Europe ou aux États-Unis, lorsque l’on faisait un tour en voiture, je me rappelle que je ne voyais presque pas d’églises dans les villes que je visitais. Loin de moi l’idée de croire qu’il n’y avait pas d’églises. Seulement, elles étaient rares. Mais en RDC, vous avez au moins une église évangélique tous les 400 ou 500 mètres, dans les villes comme dans les territoires.
2. La prolifération des partis politiques
Un autre fléau créé par la pauvreté c’est la prolifération des partis politiques. Un signe de pauvreté intellectuelle de l’élite congolaise. Je doute qu’un autre pays au monde puisse égaler la RDC en nombre de partis politiques. Pas moins de 900 ! Mais dans chacun d’eux, presque aucune différence idéologique. Chaque province a son ou ses partis politiques. Et à l’approche des élections, on en crée davantage, dans l’opposition comme dans la majorité.
En fait, ce ne sont pas des partis politiques que nous voyons en RDC, pour la plupart ce sont des boutiques de leurs autorités morales. C’est leur manière de gagner leur vie. Pas étonnant que dans ces partis politiques, la famille de l’autorité morale occupe les postes clés. C’est leur mangeoire. Que voulez-vous ?
3. La multiplication des candidatures aux législatives
Après que l’État a paupérisé toutes les professions (enseignants, militaires, policiers, médecins, avocats, agronomes…), la politique est devenue le seul secteur où coulent le lait et le miel. Raison pour laquelle tout le monde veut être député. Surtout qu’il y a 21 000 dollars de salaire mensuel à la clé. C’est ce qui a justifié cette inflation de candidatures aux législatives du 20 décembre 2023. Pas moins de 23 000 candidats pour seulement 500 sièges à l’Assemblée nationale. Aux provinciales, n’en parlons même pas… C’est tout simplement une preuve de disette…
4. La prostitution des jeunes filles
Même si la prostitution est le plus vieux métier du monde, n’empêche qu’en RDC, chez les jeunes filles, la pauvreté y est pour beaucoup. Il arrive même que de petites filles soient encouragées par leurs propres parents à se prostituer pour nourrir la famille. C’est incroyable, mais c’est une réalité. Elles détruisent ainsi leur avenir à cause de la pauvreté.
Lorsque le père et la mère n’ont ni emploi ni revenu, mais qu’ils ont trois ou quatre filles qui ne vont même pas à l’école faute de moyens, le sexe de ces dernières devient une startup pour vivre. Cela me brise le cœur de voir des gamines dormir dans des caniveaux, s’y prostituant pour gagner leur vie. Et même parmi les mariés, certains divorces sont causés par le fait qu’avec un mari très pauvre, la femme a dû céder aux avances d’hommes du quartier qui ont un peu de moyens.
5. L’immigration clandestine
A l’exode rural, ajoutons l’immigration clandestine. Beaucoup de ceux qui partent en Europe n’y vont pas parce qu’ils n’aiment pas le Congo, mais parce qu’ils sont obligés de fuir la pauvreté. Un coût de la vie intenable, un chômage institutionnalisé, une guerre dans l’Est qui n’en finit pas… Imaginez un jeune qui ne voit aucune opportunité pour son avenir en RDC, mais qui voit les dirigeants et leurs enfants se la couler douce et passer du bon temps dans leur vie…
Partir devient la seule solution. On s’en fout des difficultés ou de la mort qui peut survenir sur la route de l’immigration clandestine. On décide d’affronter le désert, la traversée de la Méditerranée, le racisme… Souvent, ce sont des cerveaux qui partent. Mais, au départ c’est la pauvreté qui est à la base.