L’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo, a déclenché une tempête sur les réseaux sociaux suite à ses propos dans une interview accordée à l’agence Fides. Il y dénonce la stratégie du gouvernement congolais d’armer les milices locales, appelées « Wazalendo » et les FDLR, les anciens génocidaires rwandais selon Kigali, pour lutter contre les rebelles du M23, au lieu de renforcer l’armée régulière, les FARDC. Selon lui, cette approche est à la base de l’insécurité croissante à Goma et dans ses environs, et que la situation ne va qu’empirer.
« Au lieu de renforcer l’armée régulière avec des soldats sélectionnés et bien formés, le gouvernement a fait le choix, à notre avis dangereux, d’armer ces groupes qui finissent par devenir un danger pour la population, en agressant les citoyens, en commettant des vols et des meurtres, et en se lançant dans le commerce illégal de minerais extraits des mines artisanales de la région », dixit Fridolin Ambongo.
Des critiques acerbes
Cette prise de position du cardinal lui a valu de vives critiques de la part de certains internautes congolais, qui l’accusent de soutenir indirectement la rhétorique du Rwanda justifiant son intervention aux côtés du M23. D’autres remettent en question ses prises de position et le renvoie aux affaires de l’église.
La politique du gouvernement congolais vis-à-vis des groupes armés est également critiquée pour son manque de clarté. D’un côté, les autorités affirment qu’il est impossible de négocier avec le M23 et le Rwanda ; de l’autre, Félix Tshisekedi n’exclut plus la possibilité de discuter avec Paul Kagame à travers la médiation du président angolais Joâo Lourenço. Le chef de l’État congolais n’a jamais tari d’éloges à l’égard des Wazalendo. Seulement voilà, ces milices du Kivu sont accusées d’être responsables de nombreuses atrocités contre les populations civiles et d’exploiter illégalement les ressources minières dans les zones de conflit.
Des questions sans réponse
La question demeure de savoir si ces groupes armés peuvent être considérés comme des « patriotes », alors quel sera leur sort après la fin de la guerre ? Ne risquent-ils pas de réclamer leur part du gâteau, aggravant ainsi l’instabilité dans la région ?
Les propos du cardinal Ambongo, bien que controversés, soulèvent des questions cruciales sur la stratégie de lutte contre les groupes armés en RDC. Le gouvernement congolais doit adopter une approche claire et cohérente, privilégiant le dialogue et le renforcement des institutions étatiques pour parvenir à une paix durable dans l’est du pays.