En République démocratique du Congo, les autorités semblent souvent préférer le déni et la minimisation des faits, même face à des évidences flagrantes. Cette situation ne fait que les discréditer aux yeux de la population.
Les récents événements à la prison de Makala, ainsi que l’affaire de l’abbé Bahala, mettent en lumière une culture du mensonge institutionnalisé qui érode la crédibilité du gouvernement. Comment, dans de telles conditions, peut-on encore avoir foi en ceux qui nous dirigent et nous représentent ?
Les mauvaises conditions de détention à Makala : une réalité niée
Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a récemment affirmé que les prisonniers congolais mangent entre deux et trois fois par jour. Cependant, cette déclaration a été vivement contestée après la diffusion d’images troublantes montrant des milliers de détenus entassés dans des conditions déplorables à la prison de Makala. Ces images révèlent une réalité accablante qui contredit ouvertement les propos du ministre.
Quelques semaines plus tard, une tentative d’évasion à la prison de Makala s’est soldée par une répression sanglante. Le vice-ministre de la Justice, Samuel Mbemba, a d’abord minimisé les faits en annonçant la mort de deux personnes. Pourtant, les réseaux sociaux partageaient déjà des vidéos montrant une véritable hécatombe. Ce n’est qu’après une pression intense que le gouvernement a fini par reconnaître la mort de plus de 129 détenus, de nombreux blessés, mais aussi plusieurs cas de viols de prisonnières.
L’abbé Bahala et l’ordre de mission, une affaire qui éclabousse
L’affaire de l’abbé Jean-Bosco Bahala, coordonnateur national du Programme désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS), avant sa révocation, ajoute une nouvelle dimension à cette culture du déni. Révoqué après s’être rendu en Ouganda sous prétexte d’engager des discussions avec les autorités ougandaises en vue d’obtenir le rapatriement des enfants congolais libérés par les rebelles de la LRA en République centrafricaine, l’abbé Bahala a été pris dans une tourmente médiatique après la fuite d’un ordre de mission signé par le ministre de la Défense nationale. Selon les personnes à la base de la fuite, en contradiction avec la position officielle du gouvernement, il s’agissait plutôt de négocier secrètement avec le M23. Des affirmations qu’avaient rejetées Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement. Pourtant cette mission aurait pu rester secrète si les réseaux sociaux ne l’avaient pas révélée. Sinon, pourquoi a-t-il été révoqué ?
Une culture du déni qui mine la confiance publique
Ces exemples mettent à mal la crédibilité des autorités congolaises. Pourquoi, face à des faits indéniables, choisissent-elles de mentir ou de minimiser la vérité ? Si elles ne peuvent pas être transparentes sur ce qui est visible par tous, que se passe-t-il alors dans l’ombre ? La redevabilité, qui est pourtant un devoir essentiel des dirigeants envers leurs citoyens, semble de plus en plus ignorée, minant profondément la confiance de la population envers ses gouvernants.