Peu de temps après sa prise de fonction, le président du Sénat, Sama Lukonde, a suscité un tollé en proposant la construction d’un nouveau bâtiment pour abriter le Parlement. Pour lui, le Palais du peuple ne serait plus approprié. De quoi provoquer la colère des activistes et des acteurs politiques questionnant le sens des priorités de celui qui a été Premier ministre.
Sama Lukonde suggère la construction d’un nouveau Parlement alors que le pays est confronté à des grognes sociales qui secouent plusieurs secteurs de la vie nationale. Certes, le Palais du peuple n’a pas été construit à l’origine pour accueillir les institutions législatives. Ce bâtiment, construit et apprêté par la Chine en 1979, servait principalement à des événements politiques et autres activités protocolaires. Cependant, depuis la Conférence nationale souveraine en 1990, il est devenu le siège du Parlement.
Retour aux origines : le Palais de la nation
Historiquement, le vrai siège législatif se trouvait au Palais de la nation, dans la commune de Gombe. Ce lieu chargé d’histoire et ancienne résidence du gouverneur général sous le Congo-belge, est le site où l’indépendance du Congo a été proclamée en 1960. C’est également-là que les premières sessions du Parlement congolais ont eu lieu. Siège historique du pouvoir législatif, il a continué à accueillir les députés jusqu’à la fin de la première République, avant que les événements politiques ne conduisent à un transfert vers le Palais du peuple dans les années 1990.
Sous Mzee Kabila
A l’arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila en 1997, un vent de changement soufflait sur les institutions de la RDC. Mzee Kabila, dans sa volonté de rompre avec l’héritage de Mobutu, a renommé le pays, instauré une nouvelle monnaie et modifié les noms de plusieurs lieux publics. Par contre, il a maintenu le Parlement au Palais du peuple, renforçant ainsi son rôle central dans la vie politique nationale.
La proposition du président du Sénat soulève de nombreuses interrogations. Pour beaucoup, il serait plus pertinent de restaurer le Palais de la nation à Gombe, non seulement pour sa valeur symbolique et historique, mais également pour éviter des dépenses inutiles d’une nouvelle construction.