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La censure en RDC : entre protection des mœurs et entrave à la créativité

Depuis plusieurs décennies, la RDC est marquée par une forme de censure qui, tout en voulant protéger les bonnes mœurs, limite l’expression artistique et restreint la liberté de création. La Commission nationale de censure des chansons et des spectacles, chargée de veiller sur les productions culturelles, est souvent critiquée pour son rôle perçu comme restrictif. Si les uns saluent son travail de régulation visant à maintenir des standards moraux, les autres estiment que cette censure déborde souvent vers une répression injustifiée, notamment lorsqu’il s’agit de productions exprimant des opinions politiques divergentes.

La nouvelle ministre de la Culture et des Arts a récemment évoqué la nécessité de réformer cette institution, posant ainsi une question cruciale : comment concilier protection des mœurs et liberté d’expression dans une société où l’art doit aussi être un vecteur de critique et de réflexion ?

Entre régulation nécessaire et abus politiques

La censure ne doit pas être perçue uniquement de manière négative. Dans une société où l’accès aux contenus artistiques est large et diversifié, un contrôle minimal peut être bénéfique, notamment pour protéger le pays contre des messages qui heurtent les normes morales ou sociales. Veiller à ce que les œuvres artistiques respectent certaines valeurs culturelles et éthiques est une fonction légitime, qui contribue au maintien de la cohésion sociale.

Cependant, lorsque cette régulation se transforme en instrument de répression politique, elle pose problème. Un exemple frappant a été celui de la chanson Nini tosali te du groupe MPR, censurée pour des raisons qui semblent davantage liées à son contenu politique qu’à une atteinte aux mœurs. Cette dérive révèle l’un des grands enjeux : la censure, loin de se limiter à la protection morale, peut servir à museler les voix dissidentes et les critiques à l’égard du pouvoir en place. C’est là que réside le danger : une censure motivée par des considérations politiques étouffe non seulement la créativité, mais aussi la liberté d’expression, pilier fondamental de toute démocratie.

Un équilibre à trouver

La réforme de la Commission nationale de censure, attendue par de nombreux artistes et acteurs culturels, pourrait marquer un tournant pour la scène artistique congolaise. Il ne s’agit pas d’abolir toute forme de régulation, mais de la rendre plus juste, en distinguant clairement ce qui relève de la protection des bonnes mœurs et ce qui relève de la répression d’opinions divergentes. En définissant mieux ses limites, la censure pourrait retrouver sa fonction première de garant des valeurs sociales, sans devenir un outil de contrôle politique.

Dans un environnement culturel plus ouvert et plus transparent, les artistes congolais pourraient enfin s’exprimer pleinement tout en respectant les sensibilités culturelles de leur société. Cette ouverture pourrait aussi favoriser un climat d’innovation artistique, où les idées nouvelles et les débats publics enrichissent le patrimoine culturel du pays, plutôt que de le restreindre.

Il est donc temps de réformer la censure en RDC pour permettre à l’art de prospérer tout en respectant les normes morales, et sans faire taire les voix discordantes.

 

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