L’opinion publique congolaise a été sous le choc après la mort tragique d’une étudiante congolaise au Canada. Son corps a été retrouvé après plusieurs jours dans des circonstances non encore élucidées. Une situation qui a ému au-delà de la communauté congolaise, relançant un débat sur la sécurité des étudiants congolais à l’étranger.
Ce n’est pas la première fois que des étudiants congolais périssent loin de leur pays et dans des conditions souvent tragiques. En 2020, trois étudiants congolais étaient décédés à Chypre dans un étrange concours de circonstances mêlant bagarre, accident et noyade. Mais c’est la mort en détention de Joël Malu l’année suivante en Inde qui illustre bien le calvaire des étudiants congolais à l’étranger. Dans ce même pays, un jeune enseignant congolais avait été lapidé à mort et une vingtaine d’étudiants arrêtés sur la base de fausses accusations de viol. Ce qui avait donné lieu à des représailles contre la communauté indienne à Kinshasa.
Face à la recrudescence de violences souvent xénophobes contre la diaspora congolaise, de nombreux parents que j’ai interrogés, reconsidèrent l’option d’envoyer leurs jeunes enfants fraichement diplômés d’État, dans des pays où la sécurité des Congolais a été mise à mal. La vague xénophobe qui a secoué la Tunisie et provoqué un tollé sur les réseaux sociaux est encore fraiche dans les esprits. Un recruteur d’une université d’Afrique du Nord en tournée en Afrique centrale, me confiait en 2023, la difficulté qu’il avait désormais à faire de son pays, une destination de choix pour les étudiants congolais. Bien plus, un partenariat dans la formation des étudiants en médecine avec une université congolaise, lui a même été refusé à cause de ce motif.
Rendons nos universités compétitives
L’exode des étudiants congolais se justifie en grande partie par la faillite du système universitaire national qui ne séduit plus. Si la RDC semble être encore une référence dans la sous-région dans le domaine de la formation médicale, il n’en demeure pas moins que l’université congolaise est gangrenée par plusieurs maladies qui en limitent l’attractivité. Le système LMD n’aura pas été la solution miracle pour redonner du tonus à l’enseignement universitaire. Le vieillissement du corps professoral et les faibles investissements consentis dans la recherche ne permettent plus aux universités congolaises de rivaliser avec les meilleures du continent. Régulièrement absente du classement des universités internationales, la RDC a encore du long chemin à faire pour redevenir un hub de connaissances au cœur du continent.