La ville congolaise de Kasindi frontalière avec l’Ouganda est très active la nuit. Il y a de l’électricitéen permanence, les bars et les bistrots sont ouverts, l’alcool couleàflots. Les enfants en profitent pour vendre des grillades ou des pâtisseries et restent ainsi éveillés toute la nuit dans les bars.
Il est 23h45 et je sors boire un verre avec des amis. Sur la route, je rencontre plus de quinze enfants qui déambulent dans le quartier à cette heure de la nuit. Le plus jeune ne devait pas avoir plus de cinq ans et le plus âgé n’avait pas plus de treize ans. Certains vendent des crêpes aux abords des artères principales, d’autres des saucisses, et même des aphrodisiaques. Toutes ces marchandises sont pour accompagner la vie nocturne dans cette citéfrontalière : alcoolisme et prostitution ! Puis dans des endroits plus sombres, on trouve des enfants dits de la rue. Ils sont ainsi exposés, dès le bas âge,àla débauche nocturne des adultes. L’avenir et l’éducation de ces gosses sont terriblement mis en danger.
Des parents irresponsables
Madame Aline est détentrice de la buvette la mieux connue de cette petite citéde Kasindi Lubirihya. Selon elle, au moins un des parents de ces enfants est alcoolique dans près de 80% de foyers de Kasindi. Elle explique : « Les parents qui boivent et qui rentrent eux-mêmes très tard àla maison et saouls, n’ont pas le temps de se demander où se trouvent leurs enfants. Mais aussi pour d’autres parents, la nuit est un moment propice pour faire de bonnes affaires. Pendant les jours de marché, ils envoient leurs enfants pour gagner un peu d’argent. Mais ce n’est pas comparable aux profits qu’ils font toutes les nuits dans les bars et les bistrotsen vendant des produits qui accompagnent bien l’alcool et la prostitution. »
Que fait la police de protection de l’enfant ?
En dehors du danger sur l’éducation de ces enfants témoins de tous les vices nocturnes de la cité de Kasindi, il y a aussi leur santéqu’il faut protéger. Ces enfants n’ont pas le temps de fermer l’œil toute la nuit. Or, ne pas dormir est préjudiciable àl’organisme humain. L’unité de police chargée de la protection de l’enfant qui dit être au courant de cette situation n’a malheureusement jamais interpelléun seul des parents de ces enfants noctambules. Mais le chargédu bureau de renseignement de la police àKasindi indique que pendant les patrouilles nocturnes, les agents de police qui rencontrent ces enfants, leur recommandent systématiquement de rentrer chez eux, parfois en les raccompagnant.
La police envisage d’organiser des campagnes de sensibilisationàtravers des stations de radios locales. Espérons que cela aidera àchanger cette situation.