Il aura marqué la vie politique et religieuse de la République démocratique du Congo pendant trois décennies. Le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya a tiré sa révérence à Paris en France. C’est une énorme perte pour le pays. Je retiens de lui qu’il était un homme courageux qui n’avait pas la langue dans sa poche.
On peut écrire tout un livre sur le parcours terrestre de Laurent Monsengwo. Ce digne fils du pays a consacré tout sa vie au service du Congo, non seulement comme pasteur, mais aussi comme référence de nos hommes politiques. Il a dirigé avec brio la Conférence nationale souveraine.
D’aucuns peuvent lui reprocher certaines de ses prises de position sur la vie politique congolaise, mais nul ne pourrait nier qu’il a marqué l’histoire. Monsengwo plaidait toujours en faveur de l’amélioration des conditions de vie de la population. Il était ce que l’on pourrait appeler un prêtre engagé. Il va nous manquer pour toujours.
Un cardinal qui savait parler
Je retiens de ce grand homme qu’il faisait usage de toute sa liberté d’expression. Il condamnait la répression des marches pacifiques par le régime en place. Il disait tout haut ce que les autres prélats catholiques disaient tout bas. Par exemple, après la présidentielle de novembre 2011, Laurent Monsengwo n’a pas hésité à déclarer que « les résultats publiés ne sont conformes ni à la vérité ni à la justice ».
La classe politique congolaise rend hommage à ce prince de l’Eglise. L’archevêque émérite de Kinshasa avait le courage de dire aux autorités ce qu’il pensait de leur gestion sans flancher. Il était l’un des principaux artisans de l’Accord politique de la Saint-Sylvestre qui permit au pays d’éviter le chaos en mettant en place une transition après la fin du deuxième mandat de Joseph Kabila en décembre 2016.
Un jour dans sa liberté d’expression, s’adressant aux dirigeants, il a déclaré : « Que les médiocres dégagent ! » Au président Félix Tshisekedi le cardinal a toujours reproché d’avoir « pactisé avec son prédécesseur Joseph Kabila au détriment du peuple ». Laurent Monsengwo quitte la vie terrestre à l’âge de 81 ans. Il laisse un Congo toujours en train de tâtonner. Que son âme repose en paix !