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Non, ne me dites plus « c’est cela l’administration » !

Vous avez certainement entendu cette phrase quelque part dans les sphères du pouvoir : « Mon frère, ma sœur, c’est cela l’administration » ! Mais qu’est-ce que cela veut bien dire ? A quoi renvoie cette phrase dans l’imaginaire collectif en République démocratique du Congo ? Voici mon constat !

Dans la fonction publique, à l’église comme chez les privés, quand un dossier leur est soumis et qu’on attend une réponse urgente, on traine des pieds, on n’agit pas rapidement. Et on vous dit : « C’est cela l’administration, mon frère. » Plus c’est lent plus c’est cela l’administration ? Je dis non !

Les choses doivent changer

Tenez, nous avons par exemple salué l’uniformisation des bulletins scolaires sur l’ensemble de la RDC. Naturellement parce qu’il s’agissait d’une décision salutaire, dans la mesure où cela permet de lutter contre de faux bulletins à la base de la fraude dans le secteur de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST). Mais comment réussir un tel pari dans un pays aux dimensions d’un continent si l’on agit avec tant de lenteur ? Aujourd’hui, les résultats sont-là. « Les écoles accusent du retard au point que dans certaines, cela fait cinq ans que les enfants ne reçoivent plus leurs bulletins », avoue le directeur de l’école où étudient mes enfants.

Dans le secteur privé, certaines banques par exemple ont décidé de placer quelques agents sur le trottoir pour permettre aux clients d’effectuer rapidement leurs opérations. C’est bien beau. Mais le problème est qu’après une file d’attente longue comme la lettre de Mariama Bâ, l’opérateur attend que vous puissiez lui glisser quelques billets au prorata de la somme retirée. « Si vous ne voulez pas en laisser, vous subirez la loi de ‘c’est cela l’administration’ en allant vous-même au guichet où vous pourrez trouver un agent occupé sur son smartphone », confie un ingénieur trouvé dans une banque de la place.

L’église emboite malheureusement le pas

Etonnant tout de même ! Mon expérience ici, m’a glacé le sang. J’avais besoin d’obtenir un duplicata du livret de baptême de mon enfant. Ce livret, je l’ai perdu lorsque des bandits sont entrés chez moi. Il fallait un duplicata. Le besoin était urgent, parce qu’il s’agissait de remplir toutes les formalités d’usage pour que l’enfant ait sa première communion. Vous voulez savoir combien de temps cela m’a couté ? Deux semaines et cinq heures d’attente !

Ils ont pourtant tous les registres dans lesquels il aurait suffi de jeter un œil pour décanter ma situation. Hélas, ils m’ont « fait danser » comme on dit à Kinshasa, pendant deux semaines. Plus de deux semaines. Le dernier jour, c’est à cinq heures que je me suis levé pour ne pas rater le curé après la messe matinale.

J’étais pourtant le premier à arriver devant son bureau, mais cela ne lui disait rien. Oui, « c’est cela l’administration » ! Il recevait des mamans et de jeunes demoiselles qui tenaient mordicus à lui passer un petit bonjour. Et moi, armé de patience j’attendais.

Après cinq heures d’attente, on m’a fait entrer. « Pourquoi as-tu perdu le livret de baptême », m’a-t-il demandé. Moi, un peu agacé, j’ai répondu : « Mon père, je pense bien que c’est pour cela que le mot duplicata existe… »

La lourdeur ce n’est pas cela l’administration

Je ne crois pas à cette manière de penser selon laquelle l’administration est un engrenage sans huile, qui tourne lentement et exige de la patience. Pour moi, un pays qui aspire au développement doit se défaire de certaines pratiques qui freinent son élan. C’est pourquoi j’en appelle à la conscience de chacun dans l’exercice de son travail, pour que nous soyons actifs afin de faire avancer notre pays. Arrêtons donc de dire « c’est cela l’administration » pour justifier notre paresse !

 

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