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Kasaï-Oriental : la cité de Tshilundu Merode en ruine

Dans mes voyages en tant que blogueur, j’ai visité la mission Tshilundu Merode dans le secteur de Kakangayi en territoire de Miabi. Mon constat est amer : la belle cité d’autrefois n’est plus qu’un tas de ruines.

Au Kasaï-Oriental, Tshilundu Merode était l’une des premières cités florissantes des missionnaires catholiques belges à l’époque coloniale. On y trouve la paroisse Saint Berckmans, c’était la deuxième en termes d’activités évangéliques, éducatives et culturelles, après la mission Mikalayi.

Il y a quelques décennies, Tshilundu Merode avait de belles infrastructures scolaires, hospitalières et administratives. Un marché florissant attirait des marchands en provenance de Kananga et de Mbujimayi. Beaucoup de personnalités du Kasaï ont fait leurs études primaires et secondaires ici.

Une cité qui se meurt

Mais ce que j’ai vu quand j’ai visité ce lieu m’a beaucoup attristé. Tout est détruit. Ce qui s’appelait « la colline sacrée » a été désertée par la population active. La cité de Tshilundu Merode est coupée du monde : pas de routes praticables, en dehors de celle qui passe par la centrale hydro-électrique Tubi Tubidi. Pas de bonnes écoles ni de projets de développement.

Une population vivant dans une pauvreté sans nom. Malgré les efforts d’une petite ONG locale Budikadidi, la mendicité est omniprésente. On sait également que la cité de Tshilundu est une de celles qui étaient durement frappées par la guerre de Kamuina Nsapu entre 2016 et 2017. Ce qui a entrainé une crise économique sans précédent. À cela s’ajoutent de faibles activités agricoles, l’exode rural… Les débrouillards ont choisi d’aller vivre dans les centres urbains comme Boya, Miabi, Mbujimayi, Kinshasa ou Lubumbashi.

Abandonné par l’Etat

Un notable du coin impute cette détérioration de la situation aux autorités publiques qui, selon lui, ont oublié Tshilundu Merode. Il pointe également un doigt accusateur en direction de l’Eglise catholique « qui n’a pas su bien gérer les paroisses laissées par le colonisateur ».

Quant à moi, je pense que la responsabilité est partagée. Les ressortissants de Tshilundu Merode, qui sont aujourd’hui de grandes personnalités à Mbujimayi, Kinshasa, Lubumbashi et même en Europe, doivent penser à leur milieu d’origine. L’État congolais est ce qu’il est. Non seulement il ne construit pas de nouvelles infrastructures, mais il laisse s’abimer celles qui existent.

 

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Les commentaires récents (10)

  1. Together as one we can rebuilt and our TSHILUNDU why not all MIABI I believe we can. Mbuyi bitangilayi wa Tshibwabwa.

  2. Budikadidi n’a rien fait! au contraire,il a detruit même ceux qui étaient là. En plus,les prêtres envoyés dans ce coin sont aussi le à la tête et contribuent également à la chutte de cilundu.

  3. La cité de TSHILUNDU ne se trouve pas dans le secteur de Kakangayi. C’est plutôt dans celui de TSHILUNDU! La paroisse catholique s’appelle Saint Jean Berchmans .
    Nous sommes habitués à toujours pointer les autres sans voir notre propre part! La guerre de Kamuena Nsapu ne peut pas tout justifier. L’église catholique s’attache à sa mission évangélique et le fait bien. Les anciens de TSHILUNDU vivent leur vie là qu’ils sont et l’Etat congolais n’a pas que TSHILUNDU à développer ! Il ses faiblesses c’est évident! Mais quelle est la part de ceux qui ont préféré vibrent à TSHILUNDU? La mendicité est-elle une valeur ? Qui empêche les méridiens sur place de se prendre en charge? Pleurnicher tout autour du cadavre ne vaut rien plutôt trouver les moyens nécessaires de l’enterrer si l’on ne sait pas le conserver! La vie est partout et c’est à chaque humain de tout faire pour l’améliorer. Mon point de vie!

  4. J’aime cilundu parceque cilundu nous donnent de nsua,de makenana et jesuis parveni a connaitre cilundu en français « merode ».

  5. J’ai pris du plaisir à lire l’article concernant la paroisse Tshilundu qui tombe en ruines. Avant de donner mon point de vue, j’aurais souhaité que l’auteur écrive une courte légende permettant d’identifier l’immeuble en ruine sur la photo illustrant son article. Certes Tshilundu a été la seconde mission implantée au Kasayi après Mikalayi St Joseph. A l’époque de son implantation (1894), les jeunes gens venaient de partout pour fréquenter les écoles. Plus tard, pendant les décennies 70 et 80, les écoles secondaires pour filles et garçons ont attiré nombreux élèves provenant parfois à près de 100 km de là. C’est tout cela qui a fait la prospérité de Tshilundu. Mais la descente aux enfers avait déjà débuté. Tous les arbres fruitiers, l’élevage de bovins et de la basse cour, ainsi que les immeubles n’étaient plus entretenus. Il faut aussi souligner que la mission Tshilundu (Merode) comme toutes les autres, ont fonctionné avec les moyens accordés par la famille du Prince de Merode ainsi que d’autres donateurs. Après l’indépendance, toutes ces aides ont cessé de pleuvoir. Les nouveaux bourgeois congolais ou luba ont deserté leur province pour aller s’installer dans les grandes villes (Mbujimayi, Kinshasa et Lubumbashi). Nous espérons tous que les kasayiens, particulièrement ceux originaires de Tshilundu et les anciens étudiants seront sensibles face à cette situation pour pouvoir intervenir et éviter la disparition de ce patrimoine commun.