Vendeuse de denrées alimentaires
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Tshuapa : une province agricole qui meurt de faim

La province de la Tshuapa est depuis l’année 2015, l’une des cinq provinces issues du découpage de l’ancienne province de l’Equateur.  Jadis un grenier agricole, ce coin de la RDC était  réputé pour sa production d’hévéa, de café, de cacao, d’huile de palme, mais aussi et surtout de poissons frais. Aujourd’hui, Tshuapa n’est plus que l’ombre d’elle-même.

J’étais fière de prendre un avion pour aller passer mes vacances de Pâques dans la province de la Tshuapa. Je suis arrivée à Boende le 11 avril 2019. Mais ce jour-là, j’ai dormi à jeun simplement parce qu’il n’y avait rien à acheter au marché pour que je mange. Le marché de Boende était quasiment vide l’après-midi.

A la découverte d’une province appauvrie

Vous pouvez considérer mes propos comme exagérés mais je ne fais que raconter la réalité que j’ai vécue. Boende est l’une des villes de la RDC où les habitants meurent de faim en pleine forêt équatoriale ! Il n’y a pas de légumes (amarantes par exemple), pas de tomates non plus, moins encore d’épinards. Bref, les légumes ne sont pas cultivés par la population locale. La viande de bœuf est si rare que l’on n’y pense presque pas.La pêche artisanale, activité principale ici, ne suffit pas pour nourrir toute la population locale.

Au marché d’Ikela, quand je demande à une vendeuse de m’indiquer où je pouvais acheter les légumes, elle me donne une réponse surprenante : « Ndunda ? awa ? Owuti wapi ? » (les légumes ici ? Tu viens d’où toi ? ).  Une maraichère m’a confié par contre qu’elle ne cultive que pour sa petite famille et pas pour vendre.

Bompongo, un papa d’une cinquantaine d’années explique ses difficultés : « Malgré mon âge, je transporte à vélo un sac de maïs de chez moi à Nkole à Bokungu jusqu’à Boende. Vu le mauvais état des routes, je suis obligé de pousser le vélo et faire presque 200 km à pieds pour vendre ce seul sac de maïs. Sur place à Boende, je le vends au prix de détail, ça me prend plusieurs jours avant de reprendre ma route. Dites-moi, dans de telles conditions, comment puis-je en cultiver plus ? Je vais le vendre à qui ? Ici le bateau n’apparait qu’une fois l’année, c’est pénible mais on n’y peut rien. »

Une jeunesse désespérée et sans repère

Et pourtant, à la Tshuapa, un hectare de forêt ne rapporte qu’entre 100 et 120 000 francs congolais. Même pas de quoi réunir 100$. Pourquoi donc, il n’y a pas d’investisseurs agricoles ? L’Université d’Ikela a une faculté d’agronomie. A quoi sert-elle ? Plein de questions qui resteront peut-être longtemps sans réponses.

Le député élu de cette province, Floribert Loola, a fait le même constat que moi lors d’une conversation que nous avons eue concernant le territoire de Bokungu. « Pendant la campagne électorale, j’avais du mal à croire à ce que je voyais. Il y avait des enfants malnutris dans tous les villages, j’avais un peu d’argent mais je dormais des fois sans rien manger, parce qu’il n’y avait rien à acheter. Parfois, même la chikwangue [aliment à base de manioc] était difficile à trouver », m’a expliqué le député. Et d’ajouter : « C’est triste de voir ce qu’est devenue notre province ces dix dernières années. Nous allons essayer de nous battre ensemble si seulement nous pouvons avoir des moyens pour remonter cette pente. Mais, je souhaite que les autorités politico-administratives prennent cette situation très au sérieux.  »

Dans cette province, la faible production agricole se concentre sur la culture du manioc, du maïs et du riz. Malgré cela, le maïs cultivé ne sert qu’à la fabrication d’alcool local appelé agene ou lotoko, et le manioc pour la chikwangue. Les habitants ont perdu le goût de l’agriculture. Les légumes, arachides, haricots et autres se font rares…

 

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Les commentaires récents (10)

  1. c’est une grande difficulté qui persiste encore, j’avais même remarquer qu’au moment des campagnes électorales, les populations ont développé. un système ne pas cultive des champs au moment des élections parceque les députés vont amenés l’argent.
    à BOKOTA un papa de 65ans et père de 7enfants. m’avait dit qu’au moment des campagnes c’est inutile d’entré dans la forêt pour pour cherché à mangé , parceque je manquerai l’argent des candidats députés.

  2. Tshuapa donne peur à tout le monde qui vit dans ce terroir, l’agriculture est considérée comme une activité des vieillards et des orphelins; Or on réalité c’est une activité principale d’un monde rural, urbano-rural là on ne sent pas vraiment la pulsation de la vie économique. D’une part, la population actuelle de la Tshuapa est fainéante et veut que la mendicité et le loisir mais d’autre part le problème des infrastructures routiers pose problème tant nationale que des dessertes agricoles à cause de la mauvaise gouvernance et de manque d’une politique agricole provinciale. Nous avons des remèdes mais manque des casquettes…

  3. Un réel défi pour notre pays que de mieux nous organiser et réellement s’y mettre dans le développement de ce secteur judicieux qu’est l’Agriculture…

  4. Eraduquer la famine dans la province de la tshuapa, est un problème de tous. ne nous jetons pas les parts de responsabilités, car nous sommes tous concernés. posons-nous certaines questions de reflexion afin de nous échapper de ce fléau. par exemple, il y a-t-ils les cultivateurs présents? sont-ils équipés, accompagnés et encadrés? quelle est la qualité et la quantité du semence utiliser par ces derniers? parce que certains aspects sont minimes mais dangereux sur le plan agricole. si les réponses sont négatives à notre chapelet de questions, donc il faut chercher les perspectives d’avenir. mais, je vous assure qu’avec la nouvelle équipe du ministère provinciale/tshuapa de l’agriculture, pêche et élevage, au cas où le gouvernement provincial et autres partenaires l’accompagnera tout au long de son mandat, le discours de la faim changera des lèvres de tout le monde. nous sommes au sein dudit cabinet pour ça. Conseiller Technique/MINAGRIPEL Tshuapa, Ir. Valéry Indeko.

  5. Ce qu’il me fait mal au coeur
    c’est quand nos élus députés
    ne regardent pas notres soufrance, ils régardent que leurs intèrêt privés

     » je me souviens , quand le gouverneur de la province en plàce  » a voulus composé son gouvernement

    notre tshuapa c’est une prvc agricole mais souffre de la faim !
    ce sont les signes d’une mauvaise gérance… Jeunesse désespérée etc…

  6. je suis allé 4 fois à boende mais c’est très pénible d’y habité même avec beaucoup d’argent en poche .
    il n’y a que la politique qui intéresse l’Elite au lieu de réfléchir sur l’auro suffisance alimentaire.

  7. Je suis venue cinq fois à Boendé avec des Français pour me rendre compte de la vie des villageois et j’ai compris que le seul moyen de pouvoir venir en aide à cette population c’est d’avoir un bon trafic ferrovière ou même une route pouvant aller de Kinshasa à Boendé . Nous ne pouvons rien apporter à Boendé sans avoir la peur au ventre que cela n’arrive jamais!!
    Si ces hommes haut placés se rendaient compte combien ils ont à perdre à laisser ainsi une région sans récolte je pense qu’ils réagiraient mais voilà ont ils compris où sont les intérêts de tous,????sincèrement je ne le crois pas …………………………cette région est pourtant belle et viable j’en suis sur

  8. Un problème de volonté politique au niveau du Gouvernement Provincial, un problème de planification d’encadrement des population les moyens sont suffisamment disponibles.
    Je le dis en connaissance de la cause. De 2006 à 2008 nous avions expérimenté un projet important à la Thuapa dénommée RE-VOMMIT