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Flot de billets de francs congolais neufs dans les provinces occupées : le silence du gouvernement inquiète !

Depuis un certain temps, un phénomène étrange attire l’attention dans les zones contrôlées par les rebelles M23-AFC : une quantité impressionnante de billets de francs congolais flambant neufs circule, comme s’ils tombaient du ciel. Or, dans notre pays, la Banque centrale est censée avoir l’œil sur tout ce qui touche à la monnaie. Pendant ce temps, on observe un silence radio total du côté du gouvernement congolais.

Cette situation soulève de sérieuses interrogations. Comment expliquer qu’on retrouve, en plein conflit, des montagnes de billets de francs congolais tout neufs dans des zones échappant totalement au contrôle de l’État ? Qui les a imprimés ? Qui les fait circuler ? Et surtout… pourquoi ce silence assourdissant des autorités ?

Une monnaie non encadrée

On le sait : la masse monétaire est censée être rigoureusement encadrée. Injecter des billets dans l’économie nationale, c’est une opération délicate et stratégique qui relève uniquement de la compétence de la BCC. Une injection incontrôlée, surtout en dehors de tout cadre officiel, devient alors une anomalie grave, un vrai signal d’alarme.

La monnaie, c’est le sang de l’économie. Dans le corps humain, trop de sang, c’est l’embolie ; pas assez de sang, c’est l’anémie. Il en va de même pour la monnaie : un excès fait flamber les prix, une pénurie asphyxie l’activité. Raison pour laquelle toute émission de billets doit être réfléchie, maîtrisée, calibrée.

Les hypothèses possibles

Je ne suis pas du genre à crier au complot. Mais en tant que jeune diplômé en économie monétaire, et surtout en tant que citoyen, je ne peux me taire. C’est notre avenir économique qui est en jeu. Deux hypothèses reviennent souvent dans les discussions, même si tout le monde les murmure à demi-mot.

La première, c’est celle de faux billets. Certains pensent que des groupes bien organisés, peut-être même appuyés par des puissances étrangères, seraient capables de reproduire les billets de francs congolais avec une qualité presque parfaite. Dans un contexte de guerre, ce genre de crime économique n’est pas du tout à exclure.

La deuxième, c’est celle des fonds détournés. On sait qu’en période électorale ou dans certains cercles politiques et militaires, de grosses sommes circulent en liquide. Si ces fonds tombent entre de mauvaises mains après un revers ou une trahison, il est facile d’imaginer leur recyclage. Ce ne serait pas la première fois. Rappelez-vous la campagne de Ramazani Shadary en 2018… Des images de sacs remplis de billets de banque sont encore fraîches dans nos mémoires.

Et la confiance s’érode…

Peu importe les hypothèses, le vrai danger, c’est la perte de confiance. Quand les Congolais voient leur monnaie circuler de façon aussi mystérieuse, ils se détournent encore plus du franc congolais. Et quand la population n’a plus confiance, elle se réfugie massivement dans le dollar. Résultat : notre monnaie se fragilise encore davantage. Et avec elle, toute notre économie.

Ce qui m’inquiète le plus, ce n’est pas juste la circulation de ces billets. C’est surtout le silence de la Banque centrale du Congo. Pas un mot. Pas un communiqué. Comme si de rien n’était. Pourtant, son rôle est clair : veiller à la stabilité monétaire, informer, rassurer. Là, on a plutôt l’impression que nous sommes abandonnés à nous-mêmes.

Plusieurs sources d’émission de la monnaie ?

Je ne veux pas jouer aux oiseaux de mauvais augure, mais si la situation perdure, avec plusieurs « sources » de monnaie nationale en circulation, la BCC pourrait un jour être contrainte de démonétiser le franc congolais. Et ceux qui connaissent un peu l’économie savent que la démonétisation, c’est-à-dire le retrait officiel d’une monnaie pour la remplacer, est un processus brutal, coûteux, et souvent traumatisant pour la population et le pays de manière générale.

Parce que la confiance dans une monnaie ne se décrète pas. Elle se construit. C’est un pacte entre l’État et ses citoyens. Et aujourd’hui, ce pacte se fissure dangereusement.

Alors je pose une question simple, mais essentielle : jusqu’à quand ce silence ? Jusqu’à quand allons-nous détourner les yeux pendant que la base même de notre économie se dérobe sous nos pieds ?

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Je trouve que l’article est trop important car la banque doit nécessairement jouer ses rôles primordiaux pour une meilleure stabilité de notre économie.
    Puisque nous avons que,la monnaie est le sang en économie,et est gérée par la banque centrale du Congo.
    C’est la banque centrale du Congo qui connait la quantité de monnaie qui circule en économie,du moment où la banque centrale ne joue pas ses rôles primordiaux, l’économie sera en danger et tout sera permis à tous .
    Nul n’ignore que , l’économie se base sur la monnaie.

  2. Il semblerai que les rebelles depuis la fermeture des institutions publiques(Banques commeciales…) pour enfin échapper à la crise économique dans leur zone dominante ont des fournisseurs des hauts cadres qui leur apporte ceci. Donc on sait pas si ce silence du gouvernement est diplomatique ou comment