Dans la société congolaise, il ne suffit pas d’avoir tel ou tel statut, encore faut-il se faire remarquer dès qu’on pose les pieds quelque part. C’est une société où le paraître est aussi important que l’être. Pour en avoir le cœur net, considérons le comportement en public d’un religieux ou d’un fonctionnaire. Et allons voir ce qui se passe à l’occasion d’un deuil, d’un mariage ou lors du passage d’un cortège.
Un religieux se fera remarquer par le gros format de sa Bible. Avoir une Bible de la taille d’un livre de poche ne fait pas bonne réputation. Il faut voir notre pasteur marcher d’un pas assuré, son livre saint sous les bras, pour comprendre à quel point on a affaire à un personnage hors du commun.
Pour sa part, le cadre de la fonction publique se fera remarquer par le nombre des clés qu’il détient sur son trousseau. Plus on a de clés, plus on est important. Généralement, son arrivée au bureau se signale par les cliquetis que les subalternes ont appris à reconnaître de loin afin de se « mettre au garde-à-vous » à temps :
« Le chef est là ! Faisons semblant de bosser, sans nous plaindre de ne pas être payés », s’exclame un attaché de bureau.
À Lubumbashi ou à Kinshasa, il est de notoriété publique que l’importance d’un mariage ou d’un deuil se mesure au nombre de personnes qui y vont ou y sont conviées. Seuls les pauvres peuvent se réjouir de dix convives ou de la visite dans le malheur de trois amis.
Il est aussi de notoriété publique que toute cette affluence n’est pas innocente. Les uns et les autres viennent pour faire de nouvelles rencontres, conclure un marché ou améliorer leur image.
Un cortège qui fonce à vive allure est sans doute celui d’un dignitaire. Le chef de l’Etat ou son ministre ne peuvent pas se permettre de rouler à 70 km à l’heure comme le ferait un citoyen ordinaire. Le chef a juste beaucoup trop à faire : prendre un déjeuner copieux, fumer un cigare et siroter un vin qui a mis 50 ans à se bonifier.
Il se fait connaître aussi par son habillement luxe même s’il traverse la vache maigre à la maison.
Être sans logement, ne présente rien si on a l’aspect d’une stars; il suffit d’avoir des vêtement de luxe (tshiatshié, yama moto, DG,… ) et on oublie la maison en péril.
C’est vraiment ça le congolais.