Quelques étalages vides au marché de Kapela.
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Avant que le Covid-19 nous tue, c’est la faim qui nous exterminera à Kinshasa

Les autorités ont pris des mesures impopulaires et difficiles comme le confinement et l’isolement de la ville de Kinshasa vis-à-vis d’autres provinces du pays. Depuis, la population est confrontée à un dilemme inquiète : il lui faut faire le choix entre se confiner pour mourir de faim et sortir pour se ravitailler, tout en courant le risque de se faire contaminer au Covid-19.

Les inquiétudes des vendeurs du marché Kapela

Je me suis rendue ce jour-là au marché de Kapela, dans la commune de Kalamu à Kinshasa. C’est avec tristesse que j’ai entendu les plaintes des vendeurs.                                                                                  Certains étalages ont fermé, car les grossistes ont haussé les prix. Difficile pour revendeurs de s’approvisionner en produits aux prix habituels. C’est ce qu’explique Alpha, une vendeuse de fretins, champignons et chenilles : « C’est la toute première fois que nous subissons ce genre de situation. Ce virus est dangereux, j’en suis consciente. Mais, nous autres petits vendeurs n’avons pas un grand capital pour acheter les aliments en grande quantité. Nos ravitailleurs sont aussi limités vu l’isolement de la ville de Kinshasa face aux autres provinces. Nous dépendons des produits vivriers qui viennent d’autres provinces, car la ville de Kinshasa ne possède pas de grands champs. Au moment où je vous parle, je n’ai aucune provision dans ma propre maison. Je pense qu’avant que ce virus nous tue, la famine nous aura déjà éliminés ! »

80%  des Kinois vivent au jour le jour, avec peu de moyens qui ne suffisent même pas pour nourrir toute la famille. Parfois, nous mangeons comme on dit par « délestage », ça veut dire, un jour les adultes mangent, un autre jour c’est au tour des enfants de manger.

Maman Ngyanji est une habituée du marché de Kapela. Elle s’y rend tous les jours pour l’achat des légumes. Elle explique ses difficultés : « Je suis vraiment consternée par les mesures prises par le président Fatshi et le gouverneur de la ville. Je suis une femme mariée, mon mari est un fonctionnaire de l’Etat. Je suis choquée de voir que le président a pris toutes ces mesures sans tenir compte de la population. Si l’Etat payait à mon mari ne serait-ce que le tiers de son salaire, cela nous aurait permis de faire des provisions.   On vient de se disputer les légumes au marché : les feuilles de manioc qui coûtaient 1000 francs congolais se négocient désormais à 4000 francs. Certains aliments deviennent de plus en plus rares au marché. J’ai l’impression que c’est la fin du monde maintenant ! »

Ce jour-là, c’était une désillusion totale au marché de Kapela. La population n’en revenait pas. Chaque individu se posait des questions. Le Covid-19 a perturbé le quotidien des Kinois. La crise alimentaire s’installe et fait beaucoup plus de mal que le coronavirus lui-même.

 

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