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Le quotidien d’un Kinois dans la commune confinée de Gombe

Depuis le 6 avril 2020, la commune de la Gombe, épicentre du coronavirus à Kinshasa, vit isolée du reste de la capitale. En cette période de confinement, le quotidien des habitants du centre des affaires est totalement chamboulé. J’ai réussi à passer entre les mailles du filet pour palper du doigt le confinement à la Gombe.

Boulevard et artères déserts, un silence de cimetière et une propreté inhabituelle. C’est mon premier constat à l’entrée de la commune de la Gombe sous une pluie fine. Muni de mon badge d’accès, je me dirige vers la banque, après avoir fait un détour pour visiter un ami qui habite à Gombe.

Chatter, lire des livres, regarder des vidéos

Des retrouvailles, un mois plus tard avec mon ami, mais aussi des questionnements. Après mon propre constat, il m’a donné son témoignage. « Mon mode de vie a complètement changé. Avec toutes ces barrières, impossible de sortir sans raison valable. Je passe tout mon temps sur mon téléphone à chatter, lire des livres ou suivre des vidéos », me raconte-il. Pourtant, officiellement la circulation des personnes à l’intérieur de la commune est autorisée depuis le 22 avril.

Aussi, le confinement de Gombe était prévu pour deux semaines. Mais il est prorogé indéfiniment. « Nous entamons la sixième semaine de confinement. Or, je n’avais fait des provisions que pour couvrir deux semaines. Maintenant, je n’ai plus rien. Je suis à bout », se plaint mon ami.

Il m’explique que la réouverture des supermarchés et des banques n’ont pas changé grand-chose. « Parfois, les produits des supermarchés coûtent deux fois plus cher qu’au marché central », déplore-t-il.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, la période de confinement est une aubaine pour les vendeurs de crédit de communication. Leurs chiffres d’affaires explosent. A Gombe, j’ai acheté 100 unités à 2500 francs congolais, soit 700 francs de plus qu’ailleurs dans la ville.

Des ruelles pour contourner le confinement

Autre confiné, autre confidence. Un deuxième ami que je visite sous la pluie à Gombe m’avoue avoir trouvé son astuce pour contourner le confinement. « Je passe par des ruelles derrière l’INA (l’Institut national des arts) pour aller à la commune voisine de Barumbu. C’est ce que je fais chaque fois que je dois aller faire des achats. Je ne peux me permettre le luxe des supermarchés de Gombe où tout coûte cher », explique-t-il. Et d’ajouter : « Ils nous ont permis de circuler à Gombe, mais c’est difficile. Entre l’absence des transports et les bavures policières, mieux vaut choisir de rester à la maison. On n’y peut rien. »

« La Société nationale d’électricité a offert 192$ de forfait à tous les ménages »

Malgré les inquiétudes, une bouffée d’oxygène pour mes deux amis confinés : l’Etat a tenu sa promesse de gratuité de l’énergie électrique. Dans un coin où l’électricité est prépayée, la Société nationale d’électricité (Snel) a offert 192$ de forfait à tous les ménages. « Les autres abonnés ont deux mois de gratuité, moi je peux tenir jusqu’en août, voire septembre », se réjouit un de mes deux amis.

Avant de quitter la commune de Gombe, je ne me suis pas privé d’aborder un policier au point d’entrée Huilerie. Il dit subir des pressions de certaines personnes qui tiennent coûte que coûte à entrer ou sortir de Gombe. Le policier m’a exhorté à sensibiliser les Kinois sur le bien-fondé du célèbre slogan : « Restez chez vous ! » C’est à mon sens la plus grande thérapie contre le coronavirus.

 

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