L’Université de Kinshasa vit depuis la nuit du 5 janvier 2020 dans une psychose indescriptible. Protestation des étudiants contre la hausse des frais académiques, répression violente menée par la police, décision du gouvernement de fermer le campus… tout est allé si vite. Un match de ping-pong où, à mon avis, tout le monde pourrait être perdant.
Lundi 6 janvier 2020, jour de rentrée académique, les étudiants de l’Université de Kinshasa (Unikin) ne sont pas prêts à reprendre le chemin des auditoires (amphithéâtres). Ils sont quelques centaines à protester contre la hausse de frais académiques décidée de commun accord entre l’association des professeurs (Apukin) et le Conseil des partenaires.
Parti du site universitaire, le mouvement des protestataires gagne du terrain et se radicalise. Des gaz lacrymogènes sont utilisés pour disperser ces étudiants en colère.
Revendications fondées, mais mauvaise procédure
Très vite, le mouvement devient violent. Les étudiants dont les motivations étaient fondées, agissent petit-à-petit comme ayant perdu la raison. Ils saccagent le siège de l’Apukin et l’agence d’une banque installée au site universitaire. Les protestataires ont poussé un peu trop loin le bouchon. Lorsqu’ils s’en sont pris au bâtiment administratif, ils ne pouvaient plus espérer avoir de soutien.
La ferme réplique des autorités
Comme il fallait s’y attendre, les autorités ont réagi et de la manière forte, un peu trop forte à mon avis. Dans un communiqué signé par le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Thomas Luhaka, le gouvernement a décidé de suspendre toutes les activités à l’Unikin. En outre, tous les occupants des homes sont sommés de déguerpir volontairement endéans 48 heures, faute de quoi ils seront évacués par la force de l’Etat. Réponse du berger à la bergère : les étudiants promettent de ne quitter qu’après les professeurs installés au site dénommé Plateau. Un bras de fer s’engage.
Les étudiants divisés, le gouvernement bombe le torse
Aussitôt annoncée, la mesure semble avoir été respectée par les étudiants. Le lendemain, plusieurs d’entre eux emballent notes de cours et autres effets pour quitter les homes. Ni les inondations dans la ville, ni le manque de logement alternatif ne les ont découragés. Les étudiants partis, la police universitaire découvre jeudi 09 janvier 3 armes dans une chambre d’étudiants vidée de ses occupants. L’histoire ressemble au théâtre de chez nous.
Deux questions restent pendantes après cette découverte surprenante : pourquoi les étudiants abandonneraient-ils des armes alors qu’ils savaient qu’un contrôle devrait suivre ? Aussi, si armes il y avait, pourquoi les étudiants ne les ont-ils pas utilisées, préférant les projectiles à la place ?