En faisant un tour dans les mines autour des cités Gecamines, Musonoï ou Kapata à Kolwezi, vous pouvez apercevoir des femmes, mais surtout des enfants. Malgré les discours sur l’éducation et les droits de l’enfant, ces petits creuseurs sont plongés dans un monde où l’enfance n’a pas sa place. Ils sont obligés d’y aller en raison de l’extrême pauvreté de leurs parents.
D’après l’Unicef, dans les provinces du Lualaba et du Haut-Katanga, 350 000 enfants font des travaux dangereux, souvent dans des mines. Leur quotidien se résume à creuser, tamiser, trier… Dans la poussière ou dans la boue, ces gamins compromettent leur enfance, pour juste quelques sous en francs congolais. Triste ironie : ici, où la richesse de la terre est censée briller de mille feux, c’est l’avenir de ces enfants qui s’éteint doucement.
Une génération sacrifiée, à la recherche d’un rêve fugace
La scène est difficile à tolérer. Des familles qui ne savent nouer les deux bouts. Des enfants de 10 ans, parfois même de 6 ans, accroupis dans la boue, manipulant des morceaux de terre d’un geste répété à l’infini. Les écoles, dites gratuites, ne sont qu’un mirage pour eux. Leur rêve n’est pas d’avoir des livres, mais de tomber sur une pépite qui leur rapportera quelques billets. Pour eux, ce n’est pas un passe-temps, mais plutôt un gagne-pain. Creuser, souffrir et gagner un peu d’argent ; puis le gaspiller rapidement afin de retourner creuser… Un cycle sans fin.
On parle souvent des richesses naturelles du Congo. Mais en voyant ces enfants ainsi trimer, il est difficile de leur imaginer un avenir. Sous chaque pelletée, c’est un fragment du futur de ce pays qui disparaît. Les enfants devraient être à l’école, à rêver d’un avenir construit de leurs mains. Mais à Kolwezi, leurs mains sont occupées à autre chose : arracher de la terre, gagner des miettes pour survivre, aider leurs parents.
Un autre problème : les compagnies minières. Quand les autorités cèdent des carrières entières, les familles locales perdent leurs repères. Creuser devient clandestin. Ces enfants et leurs parents deviennent des « hors-la-loi », risquant la prison ou pire, contraints de survivre comme ils peuvent.
Ces tout petits creuseurs sont avant tout des enfants du Congo. Tant que rien ne changera, cette réalité persistera. Des générations vont continuer à creuser, cherchant un avenir dans les profondeurs, au péril de leur vie. Il est temps de remettre les enfants sur le chemin de l’école. L’éducation doit redevenir une priorité, surtout dans ces quartiers riverains des mines. Si le Congo veut changer son futur, il doit d’abord sauver son présent. Et cela passe par l’éloignement de chaque enfant des carrières minières.