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RDC : le gisement de lithium de Manono au centre des « palabres de la biennale » de Lubumbashi

Un important gisement de lithium a été découvert à Manono dans le Tanganyika. Si ce minerai fait l’objet d’une course « effrénée » dans le monde, c’est parce qu’il constitue la principale matière nécessaire à la production mondiale d’énergie verte. Et à la 7e biennale de Lubumbashi, les artistes invités ont fixé leurs regards sur l’enjeu pour la RDC de tirer profit du lithium.

C’était à l’occasion de la 5e session du programme discursif dénommé « Les palabres de la biennale », tenue le 12 octobre 2022 à la Maison Wallonie Bruxelles internationale, autour du thème « On Trade Off : le temps de l’ombre ». 

Sous la modération de l’anthropologue Livia Cahn, le photographe Gulda El Magambo a exposé les photographies de sa série « Kazi terremines » (Manono, 2018). De son côté, Alexandre Mulongo Finkelstein a, lui, présenté son travail « Les recycleurs invisibles » (2022). Ils ont été invités à « réfléchir sur les implications environnementales et économiques de l’extraction et du traitement du lithium ».

Pour Alexandre Mulongo qui s’est greffé sur le projet entamé par les photographes congolais Gulda El Magambo et Georges Senga, « la RDC est une fois de plus, un pays-solution au besoin de transition énergétique ». Par son installation faite d’un vélo portant un bagage de quatre batteries usées de voiture et sur le guidon, un haut-parleur faisant passer en boucle la phrase « leta batterie ya motoka ya kufwa tuko nauza » [donne la batterie usée de voiture, j’achète, NDLR], l’auteur pose la question du recyclage d’acide de batterie que ces recycleurs invisibles déversent partout. A vrai dire, ils ne recyclent que de la matière plastique et du plomb. « Avec l’exploitation imminente du lithium, pourra-t-on dire que la chaine de recyclage sera respectée ? », demande-t-il encore.

Pourquoi parler de l’exploitation du lithium à la 7e biennale de Lubumbashi ?

Les intervenants sont unanimes. Pour eux : « Il s’agit d’interpeller, alerter l’autorité et sensibiliser le public sur le danger d’une exploitation mal ou non contrôlée. » Gulda conclut : « C’est un plaidoyer pour l’imagination d’une politique de préservation de la nature, l’avenir de nos enfants. »

« Mais qu’est-ce qui bloque la transformation de produits sur place ? », questionne l’artiste Sammy Baloji. « La question est éternelle », ironise à son tour Alexandre Mulongo. 

Et si le problème venait de ce que Femke Herregraven (1982, NL) appelle « jumeau numérique de Manono », une sorte de « projection faite à distance et à l’aide de technologies de télédétection, de modélisation et d’apprentissage automatique à partir de laquelle certaines multinationales arrivent à créer des modèles numériques de leurs futurs mégaprojets bien avant toute extraction du minerai » ? 

De ce qui précède on peut dire qu’il est temps pour les uns et les autres, d’imaginer quelques voies et moyens susceptibles de permettre aux Congolais de jouir de leur gisement de lithium comme d’une bénédiction ou un cadeau du ciel.

En cela, nous pouvons dire que la 7e biennale de Lubumbashi permet aux artistes de tourner leurs regards sur des questions qui touchent aux communautés locales.

 

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