Le secteur de l’influence en ligne connaît une croissance fulgurante en RDC, notamment via des plateformes comme TikTok. Cependant, cette expansion s’accompagne de dérives qui poussent les autorités à tenter de réguler ce nouvel espace médiatique. Ces dernières semaines, deux figures de l’influence sur TikTok, Maria Ntumba et Denise Dusauchoy, ont été au cœur de polémiques et d’arrestations qui illustrent la volonté des autorités congolaises de réprimer les comportements délictueux en ligne, mais il y a aussi les risques associés à ces interventions.
Maria Ntumba, influenceuse bien connue sur TikTok, a récemment été arrêtée pour atteinte aux bonnes mœurs, une affaire qui a secoué la toile congolaise. Accusée d’avoir partagé des contenus jugés obscènes, elle fait face à des poursuites judiciaires, marquant une première étape dans la détermination des autorités à contrôler les excès de certains influenceurs en ligne.
De son côté, Denise Dusauchoy, également influenceuse sur TikTok, est mêlée à une affaire bien plus grave. Elle a publiquement revendiqué avoir contribué à l’arrestation de Jacky Ndala, un acteur politique de l’opposition, ancien membre du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi. Ndala aurait été torturé et violé par des agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR), selon des informations non confirmées. Cette déclaration de Dusauchoy a choqué l’opinion publique et renforcé la demande d’une régulation stricte des influenceurs en ligne.
Les défis de la répression de la délinquance numérique
Les arrestations de Maria Ntumba et Denise Dusauchoy prouvent que les autorités congolaises veulent répondre aux appels des citoyens pour réprimer la délinquance en ligne. En effet, de plus en plus de Congolais expriment leur ras-le-bol face aux comportements déviants sur les réseaux sociaux, qui vont de l’insulte publique à la diffusion de fausses informations.
Cependant, cette répression soulève une question cruciale : celle de la liberté d’expression. La RDC est un pays où les conflits entre l’État et les citoyens sont souvent gérés de manière disproportionnée. Certains craignent que les efforts pour encadrer les influenceurs ne se transforment en une atteinte aux libertés individuelles. Les autorités pourraient être tentées d’utiliser ces lois contre des voix critiques ou dissidentes, ce qui aurait des conséquences graves sur le climat démocratique dans le pays.
Le rôle clé du CSAC et des tribunaux dans la régulation
Pour que ces tentatives de régulation soient à la fois efficaces et respectueuses des droits fondamentaux, le rôle des institutions régulatrices, comme le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), dirigé par Christian Bosembe, est crucial. Le CSAC, en collaboration avec les cours et tribunaux, doit s’assurer que les mesures prises contre les influenceurs ne deviennent pas des outils de répression contre la liberté d’expression. Un cadre juridique clair, basé sur le respect des droits humains, est indispensable pour encadrer l’activité des influenceurs sans porter atteinte aux libertés fondamentales des citoyens congolais.