Ituri : une colonie ougandaise ou une province congolaise ?

Issue de l’ancienne Province Orientale démembrée, la province de l’Ituri partage une frontière avec l’Ouganda, à l’extrême nord-est de la RDC. Plutôt que de profiter de ce positionnement géostratégique pour booster son développement, elle subit une forte influence économique, politique et culturelle de l’Ouganda voisin. Si bien que j’ai l’impression qu’elle est devenue sa colonie.

Les territoires de Mahagi et d’Aru sont les plus exposés à cette situation, compte tenu de leur proximité avec l’Ouganda.

Une économie tournée vers l’Ouganda

S’il est indéniable que l’économie congolaise en général est fortement extravertie, il est aussi vrai que le phénomène se passe avec acuité en Ituri. Les produits ougandais sont les plus en vogue et les plus enviés sur les marchés de Mahagi, d’Aru et même de Bunia (chef-lieu de la province).

Révoltant ! Puisque même les produits de première nécessité les plus commercialisés (lait de beauté, savon, boisson…) sont ougandais. Dans ces conditions, le libre-échange n’est qu’un prétexte pour justifier les faiblesses structurelles de l’économie congolaise. Car, de l’autre côté de l’Ouganda, dès que vous traversez la frontière, il est impossible d’observer le même engouement pour les produits congolais.

Le franc congolais dévalué au profit du shilling ougandais

Les prix des biens et services aux marchés d’Aru et de Mahagi sont fixés en shilling ougandais. Pourtant, la monnaie nationale en RDC c’est le franc congolais. Et elle s’impose partout en RDC.

En 2003, j’ai constaté avec regret lors de mon passage dans ces deux territoires, que le franc congolais n’était à l’époque pas admis au marché. Si aujourd’hui la situation a évolué positivement au point qu’on l’utilise, eh bien, il est triste de constater que la monnaie nationale n’a pas la même valeur que le shilling ougandais. Sur le territoire congolais !

Les Ituriens acculturés et aliénés

Les faiblesses structurelles et fonctionnelles des institutions nationales et provinciales congolaises face à la capacité attractive (soft power) du système ougandais, ont acculturé voire aliéné bon nombre d’Ituriens. Surtout ceux qui sont plus attachés à tout ce qui vient de l’Ouganda ou de l’étranger.

Pour sortir de cette situation déplorable, je pense que l’Etat congolais doit restaurer son autorité dans cette province. Il faudrait mettre fin à la porosité de nos frontières et relancer le système économique national.