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Je suis très en colère contre Kagame, mais aucune haine contre le peuple rwandais

Aujourd’hui, plus que par le passé, on sent une grande cohésion des différentes tendances de l’opinion publique congolaise au regard de la situation dans l’est du Congo. Sur Internet en particulier, les Congolais semblent partager une vision commune lorsqu’il s’agit de désigner la source de la déstabilisation de cette partie de notre pays. Le président rwandais Paul Kagame est ainsi vu comme le mal incarné.

Je voudrais de prime abord qu’on ne fasse pas d’amalgame : nous Congolais, nous n’avons rien contre le peuple rwandais. Nous en voulons plutôt au président Kagame pour tout le mal qu’il fait à notre pays. Depuis qu’il est au pouvoir à Kigali, le Congo ne connaît pas de paix. Déjà en 2013, un rapport de Human Right Watch indiquait que le M23 bénéficiait bel et bien du soutien du Rwanda.

Beaucoup de Congolais sont morts dans cette guerre du M23 en 2013 ? Aujourd’hui, le président rwandais est encore une fois derrière le même M23. Il s’en fout des civils congolais tués, des dizaines de milliers de déplacés, des enfants qui ne peuvent plus aller à l’école… C’est cela qui me met en colère contre Kagame.

Cependant, je ne nourris aucune haine contre lui ni contre son peuple. Voici donc quatre raisons qui me font rejeter la haine.

     1. Haïr Kagame nous fait oublier les autres acteurs de la déstabilisation

Derrière Kagame, il y a toujours eu des puissances étrangères qui se sont toujours servies du régime rwandais pour déstabiliser les autorités congolaises quand celles-ci ne leur plaisaient pas. Concentrer notre attention sur un seul individu en le haïssant nous a souvent desservis. Les parrains de Kagame viennent à Kinshasa avec des discours mielleux puis se rendent à Kigali pour nous vilipender.

     2. La haine est utilisée par Kagame pour salir notre image

Depuis le génocide de 1994, la légitimité de Kagame a toujours reposé sur le fait qu’il a réussi à mettre fin à cette tragédie et continue à traquer les génocidaires. Pour ses partisans, les plus radicaux, Kagame est le sauveur. Depuis lors, il fait croire à tous que la haine dirigée contre lui et les siens constitue une tentative pour perpétrer un deuxième génocide.

Il faut donc empêcher qu’à chaque déstabilisation de notre pays, Kagame sorte gagnant en réussissant à prouver que les Congolais sont fautifs, dans la mesure où ils haïssent les Rwandais. Tous les messages de haine diffusés sur les réseaux sociaux sont autant d’arguments bienvenus pour un Kagame sûr de lui-même.

     3. La haine nous pousse à agir de manière déraisonnée

Les auteurs de messages de haine savent-ils que l’après Kagame c’est pour bientôt ? Un jour, il y aura sûrement des bouleversements politiques au Rwanda. Les populations rwandaises pourront alors vivre avec les Congolais en bons voisins. Les deux peuples continueront à vivre ensemble tant que les deux pays partageront une frontière commune.

La haine nous pousse à croire que les Rwandais sont foncièrement mauvais. Ce qui est faux. Les Rwandais sont juste pris au piège d’une dictature qui a su utiliser le marketing politique pour berner tout le monde.

     4. La haine nous rend aveugles

La haine rend notre vision trouble. On ne sait plus voir où sont nos vrais alliés. Certains de nos alliés sont aussi parmi les gens qui gravitent autour de Kagame. On doit s’appuyer sur tous ces alliés pour réduire à néant le pouvoir de nuisance de celui qui a toujours soif du sang des Congolais. La haine nous empêche aussi de regarder les insuffisances de notre stratégie ainsi que nos propres tares (Corruption, concussion, traitrise…).

Par contre la colère juste nous donne l’envie de vaincre sans nous faire perdre de vue les objectifs ultimes de notre lutte.

 

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