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Kakurusi, jeune pépiniériste utilisant un système de forage d’eau

En RDC, plusieurs jeunes sont formés chaque année dans le secteur de l’agriculture. Mais parmi eux, nombreux attendent patiemment un travail de bureau. Par contre, il y en a qui créent leurs propres activités. C’est le cas de Kakurusi, un jeune de Butembo au Nord-Kivu. Il produit des plantules de café et les revend. Il entretient cette activité toute l’année grâce à un système de forage d’eau qu’il a créé avec ses propres moyens.

Kambale Kakurusi est un jeune de 35 ans, marié et père de deux enfants. Pépiniériste de profession, il exerce son activité dans la ville de Butembo à l’est de la République démocratique du Congo. Dans cette région en proie à une forte insécurité, certains jeunes n’hésitent pas à se lancer dans l’entreprenariat. Kakurusi est diplômé de l’Institut supérieur d’études agronomiques, vétérinaires, eaux et forêts, Iseavef. C’est donc un agronome qui a décidé de retrousser les manches et de ne pas attendre le confort d’un bureau.

Créer son propre emploi

« Apprendre pour entreprendre », est-ce que la jeunesse congolaise a compris cette maxime ? Malheureusement, non. En RDC, il semble qu’on apprend pour devenir chômeur ou pour se mettre à chercher un emploi. On crie partout qu’il n’y a pas d’emplois dans le pays. Mais certains jeunes ont compris qu’il faut entreprendre, créer son propre emploi. Et souvent, le bénéfice est énorme.

Voir les jeunes étudiants en agronomie ou en agro-business rêver de travailler dans un bureau est écœurant. Certes, travailler dans un bureau n’est pas mal. Seulement voilà, dans un pays comme le nôtre, la belle vie se trouve parfois en dehors des quatre murs d’un bureau climatisé. Les agronomes doivent mettre la main dans le cambouis. Hélas, certains agronomes ont du mal à comprendre cela.

La pépinière de Kakurusi

Il est 7h30 du matin quand j’arrive dans la pépinière de Kakurusi. Grande est ma surprise d’y voir plusieurs cultures. Une pépinière propre et bien aménagée. On y trouve notamment des plantules de café. Pour les non-initiés, le jeune pépiniériste ne fait pas recours au germoir : il met les graines de café directement dans les sachets sur la plate-bande. c’est sa technique.

La pépinière de Kakurusi s’étend sur une grande surface. Une partie est réservée à l’expérimentation. De très jeunes élèves viennent passer leur stage dans cette pépinière et arrosent les plantules. Surtout que c’est déjà le début de la période sèche.

Avoir de l’eau toute l’année

Ma curiosité me pousse à poser une question : « Comment faites-vous pour avoir une si grande quantité d’eau en saison sèche ? » La réponse de Kakurusi reflète sa fierté. « J’ai installé un système de forage d’eau il y a deux ans quand j’avais vendu la première production de plantules de café de ma pépinière », m’a-t-il confié.

En effet, le jeune pépiniériste avait sollicité le soutien de Rikolto, une organisation en tête du Projet d’appui au secteur agricole au Nord-Kivu, Pasa-NK. C’est un projet du gouvernement congolais financé par le Fonds international pour le développement de l’agriculture, Fida. Rikolto avait visité la pépinière de Kakurusi avant de l’intégrer dans le programme pour lui octroyer un certain nombre d’intrants. « Voyant mon dévouement et ma motivation, ils m’ont aidé avec de la semence de café pour mon travail. Pour moi, ma pépinière, c’est ma boutique », explique-t-il.

C’est grâce aux recettes issues de la vente de plantules qu’il a investi dans le forage, pour approvisionner sa pépinière en eau toute l’année. Avant de solliciter cet appui, Kakurusi était déjà un pépiniériste bien connu dans son quartier, puisqu’il faisait déjà germer des plantules de différentes cultures et même d’arbres fruitiers pour, dit-il, « lutter contre le réchauffement climatique ».

Avec le forage ça marche !

« J’ai essayé de creuser plusieurs puits avant, mais en vain. J’ai pris alors la décision d’épargner tout le revenu de la première vente de plantules de café pour trouver la solution définitive au problème d’eau. C’est comme ça que j’ai eu l’idée du forage et ça marche. Même les voisins viennent s’approvisionner en eau moyennant un peu d’argent. Pour moi, ce projet de forage est une réussite », confirme Kakurusi, sourire aux lèvres.

Dans le business, si produire est déjà un défi, le plus gros risque c’est d’être en rupture de stock au moment où les clients passent commande. Dans le cas du jeune Kakurusi, même si sa pépinière est située en ville, ses clients, du moins pour le café, vont régénérer le verger dans les territoires de Lubero et de Beni. Et quand il y a des plantules de café non viables dans les champs de ses clients, Kakurusi les remplace gratuitement. Cela fait partie de son service après-vente.

 

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