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Kukalamukiya baloji : un phénomène en vogue à Lubumbashi

Faire un bébé avant le mariage, se rassurer qu’il y a grossesse, enregistrer son mariage à l’état-civil et le célébrer après à l’église… Ça s’appelle en swahili, à Lubumbashi, « kukalamukiya baloji » c’est-à-dire, être plus éveillé que les sorciers.

À Lubumbashi, on pense que les méchants jettent souvent des mauvais sorts sur les nouveaux mariés lors des cérémonies nuptiales, en vue de les rendre stériles et de les empêcher de procréer. D’où l’intérêt d’agir avant dans cette société où les enfants sont une « richesse » pour le couple ! Mais pour Rita, tout ceci n’est que préjugés et prétextes ! Elle explique : « Je pense que les jeunes filles et garçons, veulent simplement se rassurer de la qualité de la marchandise avant de l’acheter. Ainsi, l’acte sexuel avant le mariage devient une sorte de pré-test qui rassure les deux tourtereaux ! » Mais cette attitude est risquée, aux yeux de certaines personnes.

Le bon Dieu s’en fâcherait, puisque c’est un mensonge. C’est ce que pense une coach des mariages dans une paroisse catholique à Lubumbashi. « Nous interpellons les futurs mariés afin qu’ils retirent le voile du visage [considéré comme signe de virginité de l’épouse], avant la bénédiction nuptiale », explique-t-elle.

Mais voilà qu’il y a plus rusé que la ruse elle-même. Et c’est une femme qui s’en vante : « J’étais enceinte depuis deux mois le jour de mon mariage. J’ai caché ma grossesse et je me suis présentée à l’église tête voilée. Comment ne pas le faire ? Sinon, on éveillerait la curiosité et ouvrirait les voies aux sortilèges ! »

Des fétiches emballés dans les cadeaux ?

Kumwimba (nom d’emprunt) croit être victime de mauvais sorts à la suite de son mariage, pourtant célébré comme le veulent les usages. Elle témoigne : « Après les cérémonies et la soirée célébrant notre union, c’est lors du déballage des cadeaux que nous avons découvert, mon mari et moi, une marmite usagée, contenant des matières noirâtres qu’un invité nous avait offerte. » De telles choses sont signe d’un malheur, pour certains Congolais. On n’offre pas de casseroles ou d’habits usagés aux mariés.

Larmes aux yeux, elle poursuit : « Ça fait dix ans que j’attends d’avoir un enfant… Cela n’arrive pas malgré toutes les démarches entreprises. » Elle conclut que « comme tous les tests médicaux » n’ont rien révélé d’anormal dans leurs corps, cela confirme « l’existence d’une main-noire ». Tout devient « clair » alors pour elle.

Pour ceux qui croient en la sorcellerie, la célébration du mariage comme le fait de se retrouver en famille lors d’un deuil, sont des moments ou les femmes sont vulnérables. Il faut donc prendre des précautions pour sauver son couple. Pour cela, prendre de court le malin n’est pas mal du tout. Une bonne grossesse au moment où les méchants n’y ont pas encore pensé ! « Il vaut mieux entendre les gens parler de son enfant quand on l’a entre les mains, que de les entendre parler quand on a les mains vides », conclut Kumwimba, toute triste.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Être en permanence attaché à Jésus Christ de Nazareth et prier sans cesse est la meilleure façon de prévenir la sorcellerie.