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L’éducation sexuelle à l’école, c’est maintenant ou jamais

La récente sextape des élèves d’une école de Kinshasa a fait renaitre le débat autour de l’éducation sexuelle des enfants et des adolescents. Jusqu’à quand le mutisme autour de la sexualité sera-t-il le maitre-mot de nos sociétés, avec le risque de voir émerger l’éducation diffuse ? Il est plus que temps de briser la glace et de parler formellement de la sexualité et de ses implications aux élèves.

Enfant, j’ai grandi sans réseaux sociaux. Les sextapes ne faisaient pas partie du vocabulaire de mon époque. Aujourd’hui avec l’avènement des smartphones, la tendance est tout autre. Avec les télénovelas et la sexualisation de la vie, les enfants sont de plus en plus vulnérables, surtout quand on sait que les milieux de l’éducation formelle sont assez conservateurs.

En famille, la sexualité demeure un sujet tabou. A l’église, le sexe est un péché, et à l’école on n’en parle que très peu. Conséquence, c’est vers les médias traditionnels et les médias sociaux que se tournent les jeunes dès les premières pulsions dues à la puberté. Sans censure, ils tombent assez facilement dans la dépravation. A cela s’ajoutent les séries érotiques diffusées à longueur de journées sur les chaines câblées.

En finir avec l’hypocrisie

Alors que le monde célèbre ce 26 septembre, la journée mondiale de la contraception, il faut rappeler que la loi-cadre sur la santé, promulguée en 2018, dispose en son article 81 : « Toute personne en âge de procréer peut bénéficier, après avoir été éclairée, d’une méthode de contraception réversible ou irréversible sur consentement libre. En cas de contraception irréversible, le consentement est écrit, après avis de trois médecins, et du psychiatre. » Seulement voilà, combien de jeunes connaissent cela ou sont éclairés à ce sujet, d’autant plus que personne ne leur en a parlé ?

Pour plusieurs parents, ce mutisme permet de protéger les enfants pour qu’ils ne tombent pas dans l’activité sexuelle précocement. Sauf que cette attitude semble avoir démontré ses limites.

Leader des jeunes, Michelange Bompere reconnait : « Nous vivons dans un siècle où des plus jeunes aux plus vieux, nous sommes tous sexuellement vulnérables, étant constamment pollués (souvent involontairement) par des énergies d’immoralité qui circulent dans des médias, les pubs, les clips, le cinéma, la mode, etc. Tout autour de nous communique un message sexuel. »

Abondant dans le même sens, Benjamin Sabue, président du MAJ RDC souligne que « les adolescents par manque de repères et d’informations fiables apprennent dans la rue, copient les mauvaises expériences de leurs pairs et se laissent facilement influencés ». Ce jeune activiste pense qu’il est temps d’ouvrir le débat avec les enfants et leur montrer le chemin.  « L’école et l’église devraient faire de même. Ainsi, les adolescents prendront des décisions éclairées et seront moins influencés par leurs pairs », estime-t-il.

Aujourd’hui, des études prouvent que huit filles sur dix en RDC ont connu leurs premières expériences sexuelles avant leur 15ème anniversaire. Pourquoi continuer à faire semblant alors que les faits prouvent cette réalité indéniable ? Le viol collectif sur une élève de l’école Révérend Kim en 2019 ou encore la récente sextape, des actes commis sans protection sont des preuves que le danger nous guette. La nature a horreur du vide.

 

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