A Murambi, au nord de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu à l’Est de la RDC, vit une femme qui exerce un métier insolite et dont les hommes adulent les talents.
J’ai rencontré Marie-Thérèse lors d’un séjour d’une semaine dans le territoire de Rutshuru. C’est en cherchant un salon de coiffure qu’un habitant m’a orienté chez cette coiffeuse. « Si tu te fais raser par cette dame, tu ne voudras plus fréquenter d’autres salons de coiffure ! » m’avait assuré le jeune homme.
Le salon de coiffure est surnommé « Matumaini », « beaucoup d’espoirs ». Il se trouve dans la concession de l’église catholique de Kiringa. A la porte une dame m’accueille chaleureusement. Elle s’appelle Marie-Thérèse Matipa. Elle est la responsable cette petite entreprise de beauté pour homme.
Une femme exceptionnelle
Coiffeuse de formation, Marie-Thérèse dirige son affaire depuis deux ans. De prime abord, je me croyais en face d’une simple nettoyeuse du salon. Mais à ma grande surprise, cette femme s’avance et me couvre le corps d’un drap qu’elle ajuste au bas de ma nuque par une pince. Se saisissant d’une tondeuse électrique, elle me demande la coiffure de mon choix.
Je me rends compte que je suis sur le point d’être coiffé par une femme ! Agée de 40 ans, mère de quatre enfants, Marie-Thérèse s’intéresse aux soins capillaires depuis son enfance, alors qu’elle vivait encore à Kampala en Ouganda. Aujourd’hui, elle exerce ce métier depuis plus de quinze ans.
Responsable d’une famille monoparentale, dont elle est le seul espoir, Marie-Thérèse n’a pas le droit de croiser les bras. « Mes enfants doivent vivre normalement, ils ne doivent pas sentir l’absence de leur père. Je dois jouer le rôle du père et de la mère à la fois. C’est ma plus grande motivation » me révèle-t-elle pendant qu’elle me coiffe.
L’unique et la seule coiffeuse de la contrée
« Ce n’est pas simple d’exercer un métier réservé aux hommes. Avant je subissais souvent les préjugés. C’était difficile pour certains clients de croire qu’une femme pouvait bien coiffer les hommes. Et cela m’handicapait dans mon travail », raconte cette dame au sourire permanent.
Si Marie-Thérèse est parvenue à s’imposer et à gagner la confiance de ses clients à Rutshuru, c’est grâce à son courage et à sa ténacité. En dépit des difficultés et des contraintes, Marie-Thérèse reste positive. Marie est également très fière d’avoir formé plusieurs dizaines de coiffeurs, disséminés à Rutshuru.
« C’est le seul moyen de lutter contre le chômage ! Beaucoup de jeunes qui n’ont pas d’activité viennent ici apprendre le métier », soutient-elle. En deux ans, la coiffeuse a formé près de douze jeunes garçons. La plupart d’entre eux possèdent aujourd’hui leur propre salon de coiffure.
« La vedette ! »
« Da Marie », comme les gens la surnomment ici, est l’une des femmes les plus connues de la cité. Elle doit cette célébrité à ses mains habiles. « Elle est née avec une tondeuse entre les doigts. Elle est la meilleure ! » témoigne un client fidèle du salon Matumaini. Marie-Thérèse offre également d’autres services comme la vente de produits pour les soins capillaires.
Chère Marie-Thérèse, continue de former la jeunesse et de coiffer les hommes comme tu le fais si bien. Tu fais la fierté de la femme congolaise !