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Corruption à l’université : miroir, mon beau miroir, dis-moi que je vais réussir !

Ceci n’a rien à voir avec le récit de Blanche neige. C’est plutôt une pratique de corruption que la plupart des étudiants de Kinshasa ont eu à vivre au moins une fois dans leur vie. Je vous explique.

A l’université, le faible nombre de professeurs contraste avec la pléthore d’assistants et de chefs de travaux qui les secondent. Dans un pays où trouver un emploi au sortir de l’université est un vrai parcours du combattant, devenir assistant constitue une garantie de survie. Mais là aussi, les conditions de cheminement professionnel entachent la moralité de ces membres du corps scientifique. Ces derniers multiplient des stratégies pour soutirer le maximum d’argent aux étudiants en exigeant des frais tels que :

  • Enrôlement : le droit à payer pour participer à un TP ou une interrogation.
  • Miroir : pour un contrôle prévu, on fait fuiter un exercice qui ressemblera à ce qui sera soumis.
  • Suivi : le fait de donner de l’argent pour s’assurer que ses notes ne vont pas se perdre ou encore de les recouvrer par rajout.

Certains poussent l’astuce plus loin, en intégrant les TP et interrogations à l’intérieur des syllabus, conditionnant de ce fait son achat. Les filles quant à elles, sont à la merci des prédateurs sexuels.

Des universitaires illettrés

C’est l’aboutissement logique de ce que la corruption à l’université produit dans la société. Il n’est plus surprenant de voir de nos jours, des universitaires à l’expression orale et écrite défaillante ou au raisonnement approximatif. Avec l’enseignement de masse, il est difficile pour un professeur de suivre de près chaque étudiant comme c’est le cas au primaire et au secondaire.

Quand on a plus de 2.000 étudiants dans une salle et le même nombre de copies à corriger, il est difficile de distinguer le blé de l’ivraie. Les professeurs d’université ne sont pas des « dieux ». On peut les aborder et échanger avec eux comme on le ferait avec n’importe quel enseignant. Mais la pléthore actuelle des effectifs permet-elle cette approche ?

Dans un contexte où les étudiants ne veulent jamais reprendre l’année et tiennent à réussir coûte que coûte, la corruption est assimilée à un cours de base, auquel tout le monde doit se conformer.

 

*Cet article est écrit avec l’appui technique d’Internews, grâce au financement de la coopération suédoise, l’USAID et la coopération suisse.  Les opinions partagées dans cet article ne reflètent pas nécessairement les vues de l’Agence suédoise de développement international (ASDI), de l’USAID, du gouvernement suédois et du gouvernement des États-Unis.

 

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