« Derrière un grand-homme, il y a toujours une grande femme », dit-on. L’histoire de Patrice Lumumba ne peut se passer de celle de son épouse Pauline Opango. Certains disent même que « Lumumba est mort à cause d’une femme » ; d’autres ajoutent : « Il est devenu héros national avant tout grâce à sa Pauline. »
En effet, c’est à sa femme Pauline que Lumumba a écrit sa lettre ultime adressée à la jeunesse congolaise et africaine. Dans cette lettre on pouvait lire : « A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté.
Sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres. »
Accomplir la tâche sacrée de notre souveraineté
Pour beaucoup, Pauline a bel et bien accompli la tâche sacrée laissée par son défunt mari. Et cette tâche commence par le don de soi : la privation. Tenez, quand sa fille Juliana demande à sa mère pourquoi elle ne veut pas refaire sa vie avec un autre homme, la réponse de celle qui est restée veuve pendant 53 ans est sans appel : « Il n’y en a pas comme Patrice ! »
Ecoutez ce que disait à ce propos l’homme politique congolais Thomas Luhaka lors des obsèques de Pauline Opango : « Elle a contribué dans l’ombre pour que notre héros national soit devenu ce qu’il est devenu. » Et Emery Okundji d’ajouter : « Pauline Opango est une maman sage qui a suivi les traces de son mari. »
Véritable héroïne
Membre parmi les premiers du Mouvement nationaliste congolais (MNC), parti politique de Lumumba, Pauline a connu des moments difficiles et encaissé des coups à cause des choix politiques de son mari. Par exemple, la mort en Suisse de son bébé, Marie-Christine, âgée seulement de huit jours. Cette fillette fut enterrée loin de ses parents, sur ordre du président Kasa-Vubu, qui ne voulait pas offrir une sépulture à l’enfant de son Premier ministre.
Ensuite, Pauline sera dans la même voiture que son mari, lorsque celui-ci sera arrêté. Elle passera des années d’exil en Egypte, où ses enfants étaient gardés par le président Nasser. Puis, sur invitation de Mobutu, elle fera son retour au pays pour enfin organiser le deuil de son mari.
A sa mort le 24 décembre 2014, Pauline Opango Lumumba rejoint son mari dans l’au-delà à 77 ans et après 53 ans de veuvage. Le Ghana Church of Africa a déclaré « saint » le héros national congolais. Une reconnaissance bien méritée pour son combat en faveur de l’Afrique. Et Pauline Lumumba a contribué à ce combat toute sa vie, jusqu’à la mort !
*Cet article est produit en partenariat avec l’ONG Coopération Education Culture (CEC – Bruxelles), l’Institut pour la Démocratie et le Leadership politique (IDLP-Kinshasa) et l’association Investing in People (IIP – Kinshasa) dans le cadre du programme BOKUNDOLI. En savoir plus sur le programme Bukundoli