Lancement d'une construction d'un grand centre d'affaire à Kinshasa, le projet RAKIN entre l'état congolais et le royaume chérifien d’Arabie saoudite, après plus de 10 ans l'oeuvre reste inachevé sur le grand boulevard, Kinshasa 2019, @HabariRDC
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Des constructions inachevées : une spécialité congolaise?

Je donnerais raison à celui qui a dit que « construire sans achever c’est détruire ». Eh oui ! C’est détruire les matériaux utilisés qui vont mourir à petit feu car exposés aux intempéries. C’est également perdre l’argent investi pour l’achat de ces matériaux et la paie des ouvriers. En plus, la construction inachevée elle-même ne peut être utilisée…

En faisant un tour dans plusieurs quartiers de Mbujimayi, et dans d’autres provinces du pays, on peut voir plusieurs bâtiments inachevés. Certains sont restés dans cet état depuis plusieurs années. La construction s’est arrêtée soit au niveau de la toiture ou du linteau, soit des murs ou de la fondation. C’est la preuve que le propriétaire n’a plus de moyens. De tels bâtiments inachevés sont alors envahis par les algues et la végétation luxuriante.

A Mbujimayi, certains hommes d’affaires – et certains hommes politiques – sont même réputés pour leur manie de construire sans jamais arriver jusqu’au bout. Je me refuse à mentionner leur nom.

L’exemple des infrastructures publiques

Dans le plan de la construction du stade Kashala Bonzola au Kasaï-Oriental, il était prévu de poser la toiture sur l’ensemble des gradins. Ce n’est pas le cas jusqu’à aujourd’hui : pourtant, le stade est déjà ouvert aux compétions avec des pourtours à ciel ouvert.

A Bakwa Dianga, le majestueux rond-point de l’Etoile a été détruit sans ménagement par l’ancien gouverneur Alphonse Ngoyi Kasanji, sous pretexte qu’il allait, sur ce site, « ériger l’horloge de la République ». Pour cela, un petit mur circulaire a été construit là, et le chantier est abandonné depuis près d’une décennie. Jusqu’à ce jour. Des exemples sont légion.

Poser la première pierre et oublier

Que dire des routes ? A Mbujimayi, des travaux ont été lancés, des annonces faites avec pompe pour asphalter les avenues Kasengulu, Lumumba, Kalambayi Nzevu, Lusambo et bien d’autres. Des canniveaux ont été creusés, mais le fameux asphaltage n’a jamais eu lieu. Plus grave, certaines de ces avenues, abandonnées à elles-mêmes, sont devenues des ravins en pleine ville.

Bref, quand l’Etat nous dit qu’il va construire ceci ou cela pour la population, nous savons que c’est souvent un mensonge. On va juste poser la première pierre devant les caméras des journalistes, et c’est tout. Je ne sais plus compter le nombre des travaux qui se sont arrêtés à la pose de la première pierre. Ainsi va le Congo.

 

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