La ligue de boxe du Nord-Kivu vient de relancer les compétitions avec les jeunes de moins de 17 ans. J’ai rencontré Sarah Nzita une ex-enfant de la rue, aujourd’hui âgée de 14 ans. Née dans une famille pauvre, elle est désormais une boxeuse amatrice. Muhamed Ali, le célèbre boxeur américain est sa plus grande source d’inspiration. Son rêve : que tous les médias de la RDC et du monde parlent d’elle dans 5 ans.
Gants rouges, singlet noir et blanc, l’air déterminé, Sarah Nzita, la boxeuse de Goma aux cheveux courts tressés, est toujours très appliquée lors de ses entrainements de boxe, son sport préféré. Sans complexe, elle s’entraîne depuis six mois dans son club appelé « les volcans » au milieu d’une dizaine d’hommes, tous boxeurs professionnels. Elle est l’unique fille du groupe mais sa passion n’a pas de limite.
Elle fut enfant de la rue. A l’époque, pour se protéger des agressions alors qu’elle était seule dans la rue, elle a développé l’esprit d’autodéfense. Cela explique sa passion pour la boxe.
Elle habite actuellement près du stade, où se déroulent régulièrement les entraînements de plusieurs boxeurs de la ville. « Je n’avais pas de télévision, ni l’électricité chez moi. Je regardais les combats de boxe soit ici au stade, où sur la télévision d’une discothèque exposée dans rue, avant de devenir boxeuse », raconte-t-elle.
Passion pour la boxe
Aujourd’hui, cette championne a d’autres ambitions : motiver les
filles à pratiquer ce sport et gagner sa vie de cette passion.
« Mon courage doit influencer d’autres jeunes filles comme moi. Et elles pratiqueront aussi ce sport », souligne Sarah d’une voix dépourvue de souffle, fatiguée par les coups de poings. Elle s’est donnée pour objectif de gagner sa première médaille d’ici cinq ans. Pour y arriver, elle est très attentive aux conseils de son coach. Il a lui-même été un boxeur professionnel et champion du Congo, édition 2009 poids mouche.
Sarah est inquiète de voir comment la boxe est délaissée par les autorités congolaises par rapport au football. « Nous nous entraînons avec les moyens du bord. Des fois, notre matériel n’a aucune relation avec ce sport », s’indigne la boxeuse alors qu’elle s’empare de son casque de protection pour remonter sur le ring.
Elle s’entraîne régulièrement avec les autres au stade de l’Unité qui est toujours en chantier. Malgré son âge et sa petite taille, ses gestes et ses mouvements sont bons. Son entraîneur a toujours un œil vigilant sur elle pour donner des conseils et des directives.
Sarah, l’ambitieuse !
« Sarah est avec nous depuis six mois. C’est une jeune fille courageuse et je crois en elle. Pendant l’entraînement, je la considère comme tous ses compagnons ici. Si je l’isole, ça va la frustrer et cela n’aidera pas à lancer sa carrière », estime Alex, l’entraîneur. Ce dernier avait été surpris en la rencontrant des connaissances qu’avait Sarah sur l’histoire de Muhamed Ali.
Aujourd’hui, la jeune fille n’a aucun combat en compétition à son actif. Elle doit d’abord faire ses preuves afin de passer professionnelle. Mais elle se prépare et porte ses ambitions la tête haute. Parmi ses autres rêves : avoir son propre club de boxe pour former des boxeuses.