La récente décision du ministre de l’Emploi, Ephraim Akwakwa, de suspendre les entreprises de sous-traitance, pourrait marquer un tournant décisif pour les droits des travailleurs en RDC. Si elle est appliquée, cette mesure mettra fin à une pratique qui, bien qu’avantageuse pour les entreprises, est perçue par beaucoup comme une forme de précarisation du travail.
Au Congo, Les entreprises recourent de plus en plus aux services de sous-traitance de personnels. Ce système leur offre des avantages indéniables : moins de formalités administratives, moins de charges et la possibilité de remplacer facilement les travailleurs en renvoyant les employés dans leurs entreprises d’origine. Ainsi, elles peuvent ajuster leurs effectifs en fonction de leurs besoins sans engager les responsabilités qui accompagnent habituellement un emploi stable. Pour les employeurs, la sous-traitance représente donc une source d’économie et de flexibilité dans la gestion de leur main-d’œuvre. Tandis que pour les travailleurs, c’est une source de précarité et de sous-rémunération.
Dans un pays où le taux de chômage est alarmant, les emplois offerts par les entreprises de sous-traitance sont souvent les seules options disponibles. Cependant, les conditions de travail y sont très inégales. Les travailleurs placés sont généralement rémunérés bien en deçà des employés directs de l’entreprise pour des tâches similaires. Par exemple, dans certaines entreprises minières de Kolwezi aux mains des Chinois, un travailleur « sous-traité » peut être payé quatre fois moins que l’employé qu’il remplace. En outre, le contrat est souvent à durée déterminée ou même journalier, créant ainsi une instabilité et une dépendance constante vis-à-vis de l’employeur.
Une mesure nécessaire pour la dignité des travailleurs
La suspension des entreprises de sous-traitance pourrait, si elle est appliquée dans sa totalité, marquer une véritable avancée pour les travailleurs en RDC. Elle représente une étape importante vers l’amélioration des conditions de travail et de vie des employés. En mettant fin à cette forme d’« esclavage moderne », le ministre de l’Emploi se positionne en faveur d’un marché du travail plus juste et équitable pour les travailleurs congolais.
Il est primordial que le ministre maintienne sa position avec fermeté. Une régulation rigoureuse du secteur de la sous-traitance est indispensable pour assurer le respect des droits des travailleurs, en leur offrant une sécurité d’emploi, des salaires décents et un traitement équitable.